Bien que toujours en tête des sondages, les derniers publiés vendredi accordent à l’ancien général de 72 ans, Prabowo Subianto, plus de 51,8% des intentions de vote, ce qui laisse miroiter une victoire dès le premier tour s’il arrive à s’emparer de 50% du total des suffrages exprimés et d’au moins 20% des voix dans plus de la moitié des provinces du pays.
Le grand favori de ces élections devance désormais très largement les deux autres candidats, l’ancien gouverneur de Jakarta, Anies Baswedan, qui recueille environ 24% des intentions de vote devant l’ancien gouverneur de Java centre, Ganjar Pranowo, distancé de près de 5 points.
Battu en 2014 et 2019 par Joko Widodo, Prabowo Subianto bénéficie toutefois de l’influence politique du président sortant puisque se présente à ses côtés, pour le poste de vice-président, Gibran Rakabuming Raka, 36 ans, fils aîné de Joko Widodo. Le soutien du président sortant, à la côte de popularité toujours importante, permet à l’ancien général de se présenter comme le successeur de “Jokowi”.
L’actuel ministre de la Défense du pays s’est même engagé à poursuivre la politique de nationalisation des ressources de Joko Widodo pour faire de l’Indonésie un pays “avancé et prospère”, notamment en tentant de positionner le plus grand producteur mondial de nickel en acteur clé dans la chaîne d’approvisionnement des voitures électriques.
Sur le plan diplomatique, Prabowo Subianto devrait rester fidèle à la stratégie de “non-alignement” du pays, bien que les analystes considèrent que son éducation “occidentale” pourrait le faire pencher davantage de ce côté.
C’est cette même continuité des politiques entamées par le président sortant qui le démarque du finaliste probable en cas de 2eme tour, Anies Baswedan, les analystes voyant en cette élection une sorte de vote autour de la poursuite ou non du bilan de Jokowi.
Ancien gouverneur de Jakarta, Anies Baswedan, 54 ans, a en effet été décrit durant toute la campagne électorale comme “l’antithèse” de Joko Widodo. Bien qu’il n’ait pas présenté, sur le fond, des politiques différentes au système actuel, il est le seul candidat à ne pas s’être engagé à poursuivre le projet visant à déplacer la capitale de Jakarta, surpeuplée, à Nusantara dans l’île de Bornéo.
“Il existe d’autres problèmes plus urgents qui nécessitent l’attention du gouvernement” et les investissements devraient être répartis plus équitablement entre les zones, avait estimé M. Baswedan, qui se présente aux côtés de Muhaimin Iskandar, son colistier et chef du plus grand parti islamique du pays entretenant des liens étroits avec la plus grande organisation musulmane modérée d’Indonésie, Nahdlatul Ulama.
Alors que la possibilité d’un deuxième tour est assez réduite, l’étau se resserre autour du dernier candidat, Ganjar Pranowo, l’ancien gouverneur du centre de Java de 55 ans, dont le destin semble scellé.
Autrefois successeur pressenti de Jokowi, M. Pranowo, qui comptait sur le soutien du président sortant, tous les deux étant membre du même parti (Parti démocratique indonésien de lutte), s’est retrouvé avec une campagne électorale et une vision politique façonnées sur Joko Widodo, mais sans son soutien crucial.
Les présidentielles Indonésiennes, qui se joueront à la capacité de Prabowo Subianto, grand favori, à rafler au moins 50% des votes, seront tenues simultanément avec quatre autres scrutins, devant aboutir à l’élection de près de 20.000 représentants aux niveaux national, provincial et de district, à l’issue de l’une des plus grandes journées électorales au monde.
Chaque électeur Indonésien devra ainsi remplir, mercredi, cinq bulletins de vote, le premier pour choisir un duo présidentiel et vice-présidentiel, et les quatre autres pour désigner les législateurs de choix aux niveaux national, provincial et de régence (ensemble de districts), ainsi qu’un sénateur régional.