"Contrainte, la dissimulation du visage porte atteinte à la dignité de la personne. L’asservissement ou la dégradation de la personne humaine sont strictement incompatibles avec notre Constitution", a déclaré Mme Alliot-Marie à la tribune de l’Assemblée nationale, en ouverture du débat sur le projet de loi d’interdiction du voile intégral dans l’espace public.
"Mais même lorsque le port d’un voile intégral est volontaire, cela revient à se retrancher de la société, à rejeter l’esprit même de la République fondé sur le désir de vivre ensemble (…) Il exprime la volonté de mettre en oeuvre une vision communautariste de la société et est donc contraire à nos principes constitutionnels", a ajouté le garde des Sceaux.
Cette notion d’ordre public social est "présente dans la jurisprudence du Conseil constitutionnel", a lancé Mme Alliot-Marie en direction du PS qui redoute qu’une interdiction générale soit censurée par le Conseil constitutionnel ou la Cour européenne des droits de l’Homme.
"Une interdiction partielle, limitée à certains lieux" ou "certains services", comme le souhaitent les députés PS, "soulèverait, outre une incohérence juridique, des difficultés d’ordre pratique", a insisté Mme Alliot-Marie.
"Comment convaincre les Français que la liberté, l’égalité et le respect de la dignité des femmes commencent dans la gare et s’arrêtent à sa sortie ?", a-t-elle cité comme exemple.
Soulignant que son texte reposait "sur un équilibre entre pédagogie et fermeté", la ministre a estimé que "le dialogue" devrait "primer sur la sanction".
"A l’heure de l’internationalisation et de la complexification de nos sociétés, les Français s’interrogent sur le devenir de notre nation. Notre responsabilité est de faire preuve de vigilance et de réaffirmer les valeurs que nous avons en partage", a-t-elle plaidé.