Le pape au Caire fin avril: chez le grand imam d’Al-Azhar et les coptes menacés

Le pape François se rendra au Caire fin avril pour dialoguer avec le grand imam de la mosquée d’Al-Azhar, cheikh Ahmed al-Tayeb, mais aussi montrer son soutien aux Egyptiens chrétiens cibles d’attaques meurtrières dans une région au climat confessionnel tendu.

Depuis son élection en 2013, le souverain pontife argentin, désireux de promouvoir la paix, multiplie les gestes symboliques de tolérance et d’ouverture envers les musulmans au point de déconcerter parfois les fidèles chrétiens.

Il s’est rendu dans des mosquées, a lavé à Pâques les pieds de migrants musulmans ou encore ramené à Rome à bord de son avion trois familles syriennes musulmanes lors d’un déplacement sur l’île grecque de Lesbos. Dans le même temps, il a aussi imploré les gouvernements musulmans d’assurer la liberté religieuse aux chrétiens, menacés par l’islamisme radical.

Le grand imam d’Al-Azhar, prestigieuse institution de l’islam sunnite, avait effectué une visite historique au Vatican pour rencontrer le pape François en mai 2016, après dix ans de relations plutôt fraiches. Ce professeur de philosophie islamique de 71 ans s’est imposé comme l’un des critiques les plus virulents des jihadistes.

Le pape François lui retournera la politesse en se rendant au Caire les 28 et 29 avril, occasion aussi de rencontrer le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi et le pape copte orthodoxe Tawadros II, a annoncé samedi le Vatican.

L’Egypte estime que "cette visite importante contribuera à renforcer le message de paix ainsi que l’esprit de tolérance et de dialogue de l’humanité entre toutes les religions, et à rejeter le discours du terrorisme et du fanatisme", a commenté samedi Alaa Youssef, porte-parole de la présidence égyptienne.

Le 24 février 2000, Jean-Paul II avait rendu visite au grand imam d’Al-Azhar, le cheikh Mohammed Sayed Tantawi, au Caire.

Mais les relations entre Al-Azhar et le Vatican s’étaient crispées en 2006, en raison de propos controversés du pape Benoît XVI, semblant associer islam et violence, lors d’un discours à Ratisbonne (Allemagne).

L’institut cairote avait ensuite gelé ses relations avec le Vatican lorsque Benoît XVI avait appelé spécifiquement à protéger les chrétiens après un attentat-suicide meurtrier contre une église copte orthodoxe d’Alexandrie, dans la nuit du 31 décembre 2010 au 1er janvier 2011.

La visite du pape a été soigneusement préparée par le cardinal français Jean-Louis Tauran, fin diplomate et infatigable promoteur du dialogue entre l’Eglise et l’islam.

En tant que président du "Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux", le cardinal avait participé le 22 février au Caire à un séminaire conjoint avec des représentants d’Al-Azhar. Cette rencontre, inédite depuis 2011, portait sur "le rôle d’Al-Azhar et du Vatican pour contrer le fanatisme, l’extrémisme et la violence".

Les évêques coptes-catholiques égyptiens ont pour leur part effectué début février une visite au Vatican et rencontré longuement le pape François pour évoquer leur sort.

Près de 10% des 92 millions d’Egyptiens appartiendraient à la communauté copte dans un pays où les musulmans sunnites représentent une immense majorité.

Un attentat suicide à la bombe le 11 décembre dernier, revendiqué par le groupe Etat islamique (EI), a tué 29 personnes dans l’église copte Saint-Pierre et Saint-Paul, contiguë à la cathédrale copte Saint-Marc, siège du pape de l’Eglise copte orthodoxe Tawadros II, où doit se rendre le pape François.

Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi avait condamné l’attentat de décembre, le qualifiant de "lâche" et déclaré trois jours de deuil national. La communauté copte n’avait pas connu d’attentat aussi meurtrier depuis l’attaque suicide du 1er janvier 2011.

Depuis que l’armée a destitué en 2013 le président islamiste Mohamed Morsi, le Sinaï est le théâtre d’attentats jihadistes quasi quotidiens visant surtout la police et l’armée.

L’organisation Etat islamique a appelé dans une vidéo en décembre à perpétrer des attaques contre les coptes du Sinaï, en particulier dans la ville d’Al-Arich dans le nord de la péninsule. Des dizaines de familles coptes ont déjà fui cette région, alors que sept personnes de cette minorité religieuse y ont été tuées.

AFP

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