Après un hiatus de deux ans, le jazz a opéré jeudi soir son grand retour dans les vestiges de la nécropole romaine du Chellah, à Rabat, reprenant ainsi sa place de passerelle musicale entre les deux rives du Détroit, avec une 25ème édition placée sous le thème « Jazz européen – Musiques marocaines ».
Lancé en 1996, le Jazz au Chellah est une initiative de l’Union européenne au Maroc, organisé en partenariat avec le ministère de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication et la Wilaya Rabat-Salé-Kénitra. La 25ème édition de ce rendez-vous devenu incontournable pour les autochtones et les touristes s’inscrit également dans le cadre de la célébration de Rabat capitale africaine de la culture.
Ainsi, c’est le quartet multinational Arifa qui a ouvert le bal dans le site historique du Chellah avec un panel musical combinant cultures orientale et occidentale, avant d’être rejoint par l’artiste montante Soukaina Fahsi, accompagnée du chanteur et grand spécialiste du Ribab amazigh, Aziz Ouzous. Le duo a facilement conquis la sensibilité musicale d’un public hétéroclite, en interprétant des chansons inspirées de l’art de l’Aita et Gnaoua telles que « le Poème » ou l’émouvante « Kharboucha ».
La deuxième partie de soirée a été marquée par la performance du groupe « Magic Spirit Quartet », composé d’artistes d’Afrique du Nord et d’Europe, dont le maître de la musique gnaouie Majid Bekkas et le trompettiste suédois Goran Kajfes.
Ce mélange musical sophistiqué a suscité acclamation et applaudissements d’un public à l’oreille bien aiguisée. Lors de son allocution à l’occasion de l’ouverture de cette édition, l’ambassadeur de l’Union européenne au Maroc, Patricia Llombard Cussac, a affirmé que le Jazz au Chellah est une manifestation basée sur le dialogue, l’échange et le respect mutuel, à l’image du partenariat entre le Maroc et l’Union européenne.
Insistant sur le caractère universel du Jazz en raison de sa capacité à s’ouvrir aux musiques du monde, Mme Llombard Cussac a expliqué que « si la musique jazz puise ses racines en Afrique, elle a aujourd’hui traversé mers et océans pour se fondre dans les identités musicales d’Amérique et d’Europe », notant que le jazz est aujourd’hui « synonyme de liberté et de métissage ».
« Chaque artiste invité au festival apporte une couleur musicale unique et aspire à la fusionner avec celle des autres musiciens pour n’en faire qu’un seul tableau musical sur scène », a relevé la diplomate, ajoutant qu’il s’agit de moments de rencontres musicales et humaines où les uns et les autres s’enrichissent mutuellement.
Après une pause de deux ans, le Chellah Jazz Festival continue d’ériger des passerelles de communication entre l’Europe et le Maroc conformément au slogan qu’il s’est donné dès sa première session en 1996, « Jazz européen – Musiques Marocaines ».
Les célébrations de cette nouvelle édition s’étalent sur quatre jours, avec deux concerts chaque soir, accueillant plus de 50 musiciens du Maroc et d’Europe dans des spectacles mêlant de nombreux styles musicaux.
Vendredi, les O-Jana/llevage mélangeront les voix féminines italiennes et les instruments polonais modernes à ceux, plus classiques, des Frères Souissi, tandis que le Quintet maroco-belgo-franco-portugais Mäak fera vibrer le public avec les percussions orientales du virtuose Mustapha Antari.
Samedi 1er octobre, Dock In Absolute, un des meilleurs jeunes trios piano d’Europe proposera un plateau moderne avec Axel Camil Hachadi. Ernesto Montenegro Quintet terminera la soirée en beauté avec l’énergie débordante de Hind Ennaira qui dominera la scène avec son guembri, sa voix et sa personnalité scénique : la musique Gnaoua sera accordée au féminin, font savoir les organisateurs.
Dimanche 2 octobre, Le festival se clôturera sur les sonorités jazz flamenco du Nono Garica trio et celles du trio de Zakaria Dorhmi qui nous fera voyager avec son violoncelle. La soirée se terminera en apothéose avec le pianiste Stéphane Tsapis qui nous emmènera sur son Tsapis volant faire un véritable tour de la Méditerranée avec des voix féminines aussi diverses qu’unies, accompagnées du ney et du violon d’Adil Charfi, précise-t-on.
Fidèle à son esprit d’ouverture et de partage, le festival sort des remparts du Chellah avec une déambulation dans les rues de Rabat. Ainsi, les voix et instruments Issaoua de Mqadam Sedik Benlaiachi fusionneront avec la musique magnétique de Mâäk Spirit. Deux artistes européens au programme offrent aussi des master classes le vendredi 30 septembre et le samedi 1er octobre au café la Scène du cinéma Renaissance.