Le modus operandi adopté par quelque 2.000 migrants pour tenter de franchir la clôture métallique séparant la ville de Nador et Melilia ne laisse aucun doute planer sur le niveau d’organisation des membres de ce groupe, encadrés par des mafias de traite des êtres humains.
Des mafias d’immigration illégale opérant au Maroc et en Afrique
Le Royaume, qui est passé de pays de transit à un pays d’accueil des migrants, est depuis plusieurs années victime des agissements de ces réseaux mafieux d’immigration clandestine qui s’activent au Maroc et dans d’autres pays africains et qui veulent à tout prix faire passer ces migrants vers l’autre rive de la Méditerranée.
Il s’agit, comme cela a été relayé par plusieurs médias nationaux et étrangers, de réseaux mafieux internationaux bien organisés qui se livrent au trafic d’êtres humains, en attirant des migrants issus de pays subsahariens vers le Maroc à travers l’Algérie, profitant du « laxisme délibéré » de ce pays en matière de contrôle de ses frontières avec le Royaume.
Des passeurs établis dans les pays voisins du Royaume organisent des couloirs pour acheminer les clandestins, qui transitent par plusieurs pays vers l’Algérie, puis le Maroc.
Il est donc indéniable que cet assaut a été commandité et orchestré par des réseaux mafieux, dont les desseins ne sont plus à démontrer et qui tirent profit du relâchement volontaire de la part d’Alger dans ce domaine.
L’extrême violence de cette tentative de franchir la clôture métallique séparant la ville de Nador et Melilia, tout comme la stratégie adoptée dans son exécution, dénotent d’un sens élevé de l’organisation et d’un plan bien ficelé.
Selon plusieurs journaux, des jeunes ayant fait le service militaire dans leur pays d’origine et d’autres qui maîtrisent les techniques de guérilla, d’infiltration et d’organisation tactique faisaient partie des migrants clandestins qui ont pris part à cet assaut violent.
Un assaut d’une violence inouïe aux conséquences tragiques
Armés de machettes et de sabres, certains migrants n’ont pas hésité d’en faire usage contre les forces de l’ordre marocaines, dont plusieurs membres ont été blessés dans la confrontation.
Le Conseil National des Droits de l’Homme (CNDH) avait, d’ailleurs, qualifié cet incident de « précédent eu égard à la stratégie adoptée, l’ampleur et le nombre de migrants impliqués et celui des victimes et des blessés ».
Dans le rapport préliminaire de la mission d’information mandatée par cette instance constitutionnelle suite à cet événement tragique, le CNDH avait précisé que 23 migrants sont décédés, alors que 217 personnes ont été blessées, dont 140 parmi les membres des forces de l’ordre et 77 parmi les migrants.
Les décès enregistrés ont été causés par asphyxie mécanique suite à une suffocation provoquée par la bousculade et l’agglutination du nombre important de victimes dans un espace hermétiquement clos (catastrophe de masse), avec mouvement de foule en panique, avait précisé ledit rapport.
Le Conseil avait aussi noté l’émergence d’un changement fondamental marquant les tentatives de passage de Nador à Melilia, lié à la forme adoptée, à savoir un assaut soudain, bien organisé et inhabituellement mené durant la journée, ayant ciblé le passage et non la clôture grillagée et tenté de forcer le passage au lieu d’escalader le grillage.
La tentative de forcer le passage vers le préside occupé de Melilia, effectuée par des centaines de migrants clandestins en juin 2022, reste de ce fait inédite, en termes aussi bien de son mode opératoire que de sa violence.
Les forces de l’ordre marocaines, qui ont fait preuve de professionnalisme dans leur réponse à ces incidents, ont réussi à déjouer cette tentative d’assaut malgré sa violence, alors que les soins médicaux nécessaires ont été prodigués et des interventions chirurgicales assurées aux migrants blessés.