La spécificité marocaine saura peser dans le conflit israélo-palestinien

La présence historique du Maroc auprès des parties au conflit du Proche-Orient le prédispose, plus que tout autre pays, à mieux peser pour que les deux protagonistes, Palestiniens et Israéliens, puissent trouver une solution juste et équitable.

La position en faveur d’une solution à deux États implique implicitement une double reconnaissance, dans le prolongement d’une vision cohérente qui trouve déjà sa première expression dans les années 1990 avec l’ouverture d’un bureau de liaison israélien à Rabat et un marocain à Tel-Aviv.

Jouissant d’un statut de fédérateur, le Royaume cultive des liens indéfectibles et distingués avec la diaspora marocaine en Israël. Des liens ancrés dans une histoire spécifique propre au modèle marocain, dans tout ce qu’il a d’inclusif et universel.

Quel autre pays de la région réserve aux citoyens de confession juive une citoyenneté à part entière, en étant électeurs et éligibles? Quel autre pays de la région a établi un espace juridique conforme aux préceptes du judaïsme? La spécificité marocaine n’est identifiable à aucune autre expérience, avec comme atout indéniable la capacité du Royaume à poursuivre ses bons offices.

Les outils qu’offrent notamment les bureaux de liaison, ainsi que la diaspora marocaine vivant en Israël, et ailleurs, ont été mises à contribution par le Maroc depuis les années 1970 au service de la paix au Proche-Orient. Ce sont là des marques distinctives de l’approche marocaine qui ont permis à Rabat d’établir des canaux de communication entre Israéliens et Palestiniens.

Cette spécificité marocaine trouve son fondement dans la Constitution qui puise sa force de l’Institution de la Commanderie des Croyants et illustre les riches facettes de l’universalité du modèle marocain, consacrée par la Loi Fondamentale qui stipule que l’identité nationale est une et indivisible. La Constitution insiste sur cette « unité, forgée par la convergence de ses composantes arabo-islamique, amazighe et saharo-hassanie, qui s’est nourrie et enrichie de ses affluents africain, hébraïque, andalou et méditerranéen ».

La visite au Maroc, ce mardi 22 décembre 2020, d’une délégation américano-israélienne, conduite par Jared Kushner et Meir Ben Shabbat, s’inscrit dans la mise en œuvre des décisions énoncées lors de l’entretien téléphonique le roi Mohammed VI et le président américain Donald Trump, particulièrement le volet relatif au processus de paix israélo-palestinien.

Cette démarche diplomatique est fondée sur trois principes fondamentaux: une solution à deux États vivant côte à côte dans la paix et la sécurité, la négociation entre les parties concernées et la préservation du cachet arabo-islamique de la ville d’Al-Quds.

Si aujourd’hui le Maroc et Israël signent une nouvelle page de leur histoire, l’attachement indéfectible de la communauté juive marocaine à son pays d’origine ouvre la voie aux deux pays pour construire des relations solides mais surtout privilégiées.

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Force est de constater que le Maroc est le premier pays d’Afrique du Nord à intégrer l’histoire et la culture juives dans son programme scolaire, une initiative visant à mettre en valeur la diversité de l’identité marocaine.

De par le modèle singulier de coexistence et de convergence de cultures et de religions qu’il offre, le Royaume a de tout temps été un pays précurseur en matière de tolérance religieuse qui fait partie de la conscience collective de la société marocaine.

Ce modèle d’interaction et de vivre-ensemble entre musulmans, chrétiens et juifs a aidé le Maroc à préserver ses origines multiculturelles. Ces affluents diversifiés et reconnus par la Constitution ont permis au Royaume de renforcer sa diversité, son unité, son identité et son cosmopolitisme.

Par son modèle unique, le Royaume fait de la religion un facteur de paix, veillant à ce que la communauté juive et chrétienne vivent en paix et dans le respect des valeurs de coexistence. Le pilier central de cette approche, consolidée par la Constitution de 2011, s’appuie sur l’Institution de la Commanderie des Croyants (Imarat Al-Mouminine), incarnée par le roi Mohammed VI qui gère et régule les orientations et les stratégies et qui est garant de l’unité nationale.

S’inscrivent dans cette lignée, les efforts déployés par feu Hassan II en faveur de la paix au Proche-Orient et du dialogue entre les religions monothéistes ainsi que par feu Mohammed V qui a refusé de signer les décrets imposant le port de l’étoile juive lors du régime de Vichy.

Une position de principe qui se prolonge toujours avec le roi Mohammed VI qui a fait du Royaume une exception dans le monde arabe : la composante hébraïque en tant que l’un des affluents constitutifs de l’identité marocaine et partie intégrante de la nation.

Alors que le judaïsme au Moyen-Orient et en Afrique du Nord évoque souvent des images d’hostilité, le Maroc se présente comme une exception unique compte tenu d’une volonté institutionnelle affichée de mettre en avant la composante juive de l’histoire du Royaume.

Auprès des dirigeants de la communauté, on indique que le nombre de juifs se situe autour de 4.000, la plupart résidant à Casablanca. Ils disposent  en toute liberté et sécurité de tous les services nécessaires à la pratique de leur religion, avec entre autres un tribunal rabbinique composé de rabbins juges, fonctionnaires de l’État, qui jugent des affaires de statut personnel au nom du Roi. La transmission de leurs traditions et l’éducation religieuse sont préservées ainsi que le droit de rassemblement dans des centres culturels.

Par ailleurs, chaque année ce sont entre 50.000 et 70.000 juifs d’origine marocaine établis en Israël qui se rendent au Maroc pour le tourisme mais surtout pour le pèlerinage et les fêtes religieuses. Essaouira est notamment connue pour la Hiloula du Saint Rabbi Haïm Pinto, personnalité emblématique du judaïsme marocain ayant marqué l’histoire de la ville, qui rassemble chaque année entre 2.000 et 3.000 personnes.

Depuis plusieurs années et à l’initiative du souverain, une opération de grande envergure a été lancée pour la rénovation et la sauvegarde du patrimoine et des lieux de culte juifs. La synagogue « Slat El Fassyine » de Fès est classée au patrimoine mondial par l’Unesco.

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De même, le Maroc est le seul pays arabe à restaurer ses synagogues, sanctuaires et cimetières juifs. Casablanca abrite le Musée du judaïsme marocain qui est l’unique musée juif dont la conservatrice est musulmane.

S’inscrivant dans cette démarche, en 2017, le quartier juif de Marrakech a été rénové et rebaptisé « El Mellah ». Ses rues arborent de nouveau des plaques en Hébreu pour accueillir des touristes dont la plupart viennent d’Israël.

Fait révélateur, près d’un million de juifs d’origine marocaine sont établis en Israël mais restent attachés à la terre de leurs ancêtres, preuve en est les manifestations de joie dans les rues israélienne suite à l’annonce du rétablissement des relations avec le Maroc.

 

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