La réalisatrice franco-marocaine Bouchra Azzouz déplore la mauvaise foi du journal algérien L’Expression

Dans une mise au point rendu public ce lundi, la réalisatrice française,  d’origine marocaine, Bouchra Azzouz, déplore « l’utilisation abusive » de sa campagne de crowdfunfing (levées de fond) par le journal algérien L’Expression daté du 7 juin 2021.

Sous le titre « Le cinéma marocain, en panne de financement, a recours au crowdfunding« , la journaliste de L’Expression écrit que Le Centre cinématographique marocain « n’a plus d’argent pour financer ses productions: les cinéastes marocains ont recours au crowdfunding ».

« Ainsi, poursuit la journaliste, c’est le cas de la réalisatrice marocaine Bouchera Azzouz, qui a lancé un appel à financement sur la plateforme KissKissBank Bank pour son nouveau projet de documentaire Rahma et Abraham ».

Bouchra Azzouz, réalisatrice reconnue en France, déclare avoir lu « stupéfaction » l’article publié sur le site du journal l’Expression, rédigé par Mme Amira Soltane que je ne connais pas et avec qui je n’ai eu aucun échange pour la rédaction de son article ».

« Je tiens d’abord à préciser que je suis une réalisatrice française, née en France, ayant grandi en France,  qui a écrit et réalisé des films documentaires, financés exclusivement par la France, produit par des sociétés de production françaises et diffusés sur France 2, chaine du service public. Je ne suis pas référencée comme cinéaste marocaine et donc je n’ai jamais été concernée par les structures marocaines de financements de film, encore moins,  le CCM », rectifie Mme Azzouz.

« Aussi je ne comprends absolument pas comment je peux me retrouver citer dans un article qui parle de l’état du cinéma marocain et des difficultés des cinéastes marocains à financer leur film », s’étonne-t-elle.

Et de s’interroger sur « les motivations et la finalité de cette publication à charge ». » D’évidence me citer dans cet article est à minima une grossière erreur, car je n’ai rien à voir avec le sujet. Je m’interroge sur les raisons de l’instrumentalisation d’une simple campagne de levées de fond en France de mon prochain film pour illustrer un article qui voudrait démontrer que le cinéma marocain est à l’agonie. Il y a un réel problème de rigueur et de déontologie journalistique », relève Bouchra Azzouz.

Et d’explique: « ce qui est vrai, c’est que je travaille bien à mon prochain film, un docu-fiction très ambitieux « Rahma et Abraham » pour une sortie cinéma en France. Pour ce film, je fais appel à une campagne de crowdfunding, pour une raison très simple, je veux partager avec mon public une façon innovante de construire un film de mémoire. Impliquer le spectateur très en amont et lui faire partager une expérience immersive au cœur de la fabrication d’un film ».

« Vous voyez que je suis très loin, de faire appel à une campagne de crowdfunding, pour les raisons citées dans cet article. Je n’ai aucune difficulté à faire entrer le film, comme mes précédents, dans le process classique de financements des films en France. La campagne permettra d’amorcer la phase de développement qui me permettra d’aller dès cet été recueillir les interviews des derniers témoins de la période du protectorat français au Maroc. Il y a donc une urgence particulière à aller vite, d’où la campagne », poursuit-elle.

« Comme le dit l’article, mon travail de réalisatrice consiste à proposer une relecture de l’histoire de nos quartiers populaires et de l’immigration par un prisme exclusivement féminin », ajoute la réalisatrice Boucha Azzouz.

« Un travail inédit dont le but est d’apporter à notre récit national, le récit oublié des femmes, et en particulier celui des femmes issues de l’immigration », souligne Mme Azzouz. qui a  réalisé « Nos Mères, Nos Daronnes », « On nous appelait Beurettes » et « Meufs de (LA) Cité » « sans d’ailleurs jamais faire de distinction d’origine. Mon sujet c’est l’immigration qu’elle soit marocaine, algérienne ou tunisienne ou même d’Afrique Sub-Saharienne ( dans mon dernier film) ».

« Je me considère, du fait de cette expérience de l’immigration, comme une citoyenne du monde, une femme de paix qui tentera toujours d’ériger des ponts quand d’autres les détruisent, d’éteindre les feux quand d’autres les allument, d’éclairer les consciences quand d’autres voudraient nous plonger dans l’obscurité, raviver les mémoires quand d’aucuns préfèrent l’oubli », estime la réalisatrice.

« Rahma et Abraham » sera « le film des origines, le film qui parachèvera ce long travail de restauration d’une mémoire oubliée, celle d’hommes et de femmes qui, quel que soit le contexte politique, œuvrent à un monde plus juste, plus égalitaire, plus fraternel, plus amical, plus solidaire. »

« Parce qu’il faut inlassablement croire que les intérêts humains transcenderont toujours les intérêts matériels, filmer devient alors un acte de résistance », a-t-elle ajouté.

 

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