Les avions, fleuron du groupe aéronautique Dassault Aviation, ont été remis à l’Egypte lors d’une cérémonie sur la base aérienne d’Istres, dans le sud de la France, en présence de l’ambassadeur Ehad Badawy.
Ils décolleront mardi pour l’Egypte, en pointe de la lutte contre les jihadistes de l’Etat islamique (EI) dans la région.
Les trois appareils ont été prélevés sur le contingent destiné à l’armée de l’air française. Ils devraient être suivis début 2016 de trois autres Rafale assemblés en 2015.
Longtemps restée l’unique acheteur du Rafale, la France en a commandé 180 exemplaires, dont 137 ont déjà été livrés. Entrés en service en 2004, les Rafale ont été déployés dès 2007 en Afghanistan et ont été les premiers à intervenir en Libye en 2011.
Malgré leurs performances, ces avions de combat ont, pendant une décennie, multiplié les échecs à l’export, avec six déconvenues majeures. La signature du contrat en février avec Le Caire a toutefois rompu la malédiction.
Le Qatar a ainsi acheté 24 Rafale début juin et l’Inde a annoncé l’achat de 36 appareils en avril. La négociation de ce contrat devrait aboutir avant la fin de l’été, selon le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian.
Par ailleurs, deux autres acquéreurs potentiels au moins sont sur les rangs: les Emirats arabes unis, pour le remplacement à terme de 60 Mirage 2000-9, et la Malaisie, qui doit encore lancer un appel d’offres pour l’acquisition de 16 appareils.
Le PDG de Dassault Aviation, Eric Trappier, a remercié lundi dans un communiqué "les autorités et les forces armées françaises, sans le soutien desquelles ce succès n’aurait pas été possible".
– Attaques jihadistes –
Les 24 Rafale (16 biplaces et 8 monoplaces) achetés par l’Egypte font partie d’une commande de 5,2 milliards d’euros incluant également une frégate multimissions FREMM et des missiles.
L’armée égyptienne, qui cherche à diversifier ses sources d’armement aujourd’hui très dépendantes des Etats-Unis, est confrontée à la menace croissante du groupe Etat islamique (EI).
Ses militaires mènent depuis deux ans des opérations à grande échelle dans le nord du Sinaï pour enrayer les attaques jihadistes visant les forces de l’ordre, qui se sont multipliées depuis qu’Abdel Fattah al-Sissi, alors chef de l’armée, a destitué le président islamiste Mohamed Morsi en juillet 2013.
Les jihadistes disent agir en représailles à la sanglante répression qui s’est abattue sur les partisans de M. Morsi, et dans laquelle plus de 1.400 personnes ont été tuées, en majorité des manifestants islamistes.
Le Caire craint l’ouverture d’un nouveau front sur son flanc ouest. Profitant du chaos qui règne en Libye depuis la chute du régime Kadhafi, le groupe EI a pris le contrôle d’une partie de l’est du pays, près de la frontière avec l’Egypte.
Le président Sissi a réclamé avec ardeur une force arabe commune pour lutter notamment contre l’EI en Irak, en Syrie, mais aussi en Libye.
Dans ce contexte, la France, critiquée pour ses ventes massives d’armes à un régime au lourd passif en matière de droits de l’homme, juge le partenariat avec l’Egypte "stratégique".
L’Egypte est "un grand pays essentiel dans la sécurité de cette zone et donc pour notre sécurité", avait déclaré en juin Jean-Yves Le Drian, lors de la livraison de la frégate multimissions FREMM. "Tandis que se développent en Afrique, au Proche et au Moyen-Orient des menaces terroristes sans précédent, les forces armées égyptiennes apparaissent comme un facteur de stabilité incontournable", avait-il ajouté.