La formule 1 mise sur le retour de Michael Schumacher pour se relancer
Michael Schumacher n’a pas raté son retour en formule 1. A 41 ans et après trois années d’absence des pistes, le pilote allemand a mené sa Mercedes à une honorable sixième place au terme d’une course peu exaltante, remportée par Fernando Alonso, dimanche 14 mars, sur le circuit de Bahreïn, première des dix-neuf épreuves de la saison. Pied de nez du destin, c’est au volant d’une Ferrari – écurie avec laquelle Michael Schumacher a remporté cinq de ses sept titres – que le double champion du monde espagnol s’est imposé.
Car après le départ de Honda, Toyota et BMW et le désengagement de Renault, la F1 a perdu de sa superbe. Avec le retour de "Schumi", les chaînes de télévision, qui ont vu leurs audiences chuter de 13 % (80 millions de téléspectateurs en moins) en 2009 rêvent de nouvelles courbes. Les promoteurs de Grand Prix, qui ne peuvent compter que sur le remplissage des tribunes pour récupérer les quelque 15 millions de dollars que leur coûte en moyenne le plateau des pilotes, se frottent déjà les mains. Mais cette quasi-promesse de renaissance, à laquelle l’Allemand s’est engagé, n’est pas qu’une affaire de marketing au service d’un business lucratif, dont le Britannique Bernie Ecclestone tire toujours les ficelles, à bientôt 80 ans.
Car si ce come-back devrait redorer, au moins momentanément, le blason d’une discipline supposée en voie de ringardisation avec l’émergence de valeurs liées à la sécurité routière ou aux économies d’énergie, Michael Schumacher n’est pas revenu pour faire de la figuration dans le ventre mou du championnat. "La saison sera longue et difficile, mais j’aime le combat, prévient le pilote. C’est cette envie de combattre qui m’a fait revenir en formule 1."
Revenir en formule 1, certes, mais pas à n’importe quel prix (on évoque un revenu annuel de 30 millions d’euros), ni n’importe où. En choisissant de signer un contrat pour trois ans avec Mercedes GP, "Schumi" scelle une union inédite, mais fait preuve d’une relative prudence.
L’écurie – qui fête elle aussi son grand retour sous son nom propre, depuis la tragique sortie de piste d’une "flèche d’argent", qui avait provoqué la mort de 82 personnes lors des 24 heures du Mans, le 11 juin 1955 – a été symboliquement rebaptisée la "Nationalmannschaft de la F1" par Dieter Zetsche, le président du groupe automobile Daimler, au moment du lancement du bolide maison en février. "L’équipe nationale", dont l’autre volant est tenu par le Germano-finlandais Nico Rosberg, 5e à Bahreïn, peut surtout se targuer d’avoir en son sein le plus brillant stratège du paddock, en la personne de Ross Brawn.
L’ingénieur britannique, redoutable interprète de la réglementation technique et de la subtile métrique des arrêts aux stands pendant les courses, a été l’artisan de tous les titres de Michael Schumacher : chez Benetton en 1994 et 1995, puis chez Ferrari de 2000 à 2004. "Avec Ross Brawn, qui a encore montré la saison dernière ce dont il était capable, avec Mercedes et son savoir-faire, avec moi là-dessus… Je suis désolé, mais on ne peut qu’avoir un seul objectif. Et c’est d’être champion du monde", a prévenu Michael Schumacher.
Mercedes, qui possédait 40 % des parts de McLaren, s’est désengagée de l’écurie anglaise pour racheter 75,1 % des parts de Brawn GP, une équipe construite début 2009 sur les bases de l’ex-écurie Honda F1. Grâce, notamment, à une faille dans la réglementation technique que, d’emblée, lui seul avait vraiment su exploiter, Ross Brawn avait mené son jeune compatriote Jenson Button et son écurie au sommet.
Le champion du monde en titre, qui, depuis, a rejoint McLaren, a été l’un des premiers à commenter le retour de l’ex "Baron rouge" de l’écurie Ferrari : "Michael (…) va avoir des surprises, car la formule 1 est différente de ce qu’elle était il y a trois ans, a affirmé Jenson Button au quotidien populaire Bild. Je crois qu’il sera un peu étonné à Bahreïn."
Je suis heureux de dire que je me suis amusé aujourd’hui", a déclaré Michael Schumacher à l’issue du Grand Prix. A quelques jours de l’ouverture de la saison, il disait se sentir "comme un enfant qui attend Noël". Il sait désormais que les autres pilotes ne feront pas de cadeaux au "Baron gris.
LE MONDE