La communauté internationale préoccupée par le spectre d’une crise humanitaire « imminente » en Afghanistan
« Après des décennies de guerre, de souffrance et d’insécurité, (les populations afghanes) sont peut-être confrontées à leur heure la plus périlleuse », a indiqué le Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, lors d’une réunion ministérielle destinée à lever plus de 600 millions de dollars d’aide.
Dans son discours lors de cette conférence marquée par les allocutions des responsables de plus de 80 pays, le chef de l’ONU a ainsi invité les pays donateurs à s’engager à venir en aide à l’Afghanistan, affirmant que la pauvreté s’aggrave.
« Les Afghans ont besoin d’une bouée de sauvetage » pour faire face à ce qui est peut-être leur « heure la plus grave », a lancé M. Guterres.
Pour l’ONU, l’heure est venue pour la communauté internationale de se tenir aux côtés du peuple afghan.
« Soyons clairs : cette conférence ne porte pas simplement sur ce que nous allons donner au peuple afghan. Il s’agit de ce que nous devons », a affirmé M. Guterres.
Avant même les événements dramatiques de ces dernières semaines, les Afghans vivaient l’une des pires crises humanitaires au monde. Aujourd’hui, un Afghan sur trois ne sait pas d’où viendra son prochain repas, selon l’ONU.
Selon le Chef de l’ONU, le taux de pauvreté monte en flèche et les services publics de base sont au bord de l’effondrement.
« De nombreuses personnes pourraient manquer de nourriture d’ici la fin du mois, à l’approche de l’hiver », a-t-il ajouté, relevant également les conséquences d’une grave sécheresse et de la pandémie de Covid-19.
Face à cette situation humanitaire préoccupante, les organisations humanitaires ont besoin de 606 millions de dollars d’ici la fin de l’année pour subvenir aux besoins de 11 millions d’Afghans, sur un total de 38 millions d’habitants.
Le patron de l’ONU a aussi réclamé un accès garanti au pays pour acheminer l’aide et les personnels mais aussi un accès sûr aux zones qui ont le plus de besoins.
« Nous en avons besoin de plus. Nous en avons besoin rapidement. Et nous avons besoin qu’il soit suffisamment souple pour s’adapter à l’évolution rapide des conditions sur le terrain », a insisté M. Guterres.
« Les autorités de facto se sont engagées à coopérer pour garantir l’acheminement de l’aide à la population afghane », a rappelé M. Guterres, insistant sur la nécessite que le travail vital des humanitaires soit mené « en toute sécurité, sans harcèlement, intimidation ou peur ».
Plus largement, M. Guterres a estimé que l’aide devra également préserver l’économie sur le long terme, pour que les Afghans puissent rester et travailler chez eux.
« Les solutions palliatives sont essentielles, mais le peuple afghan aura besoin de notre soutien à long terme », a-t-il dit.
« Et tous les États membres doivent respecter les responsabilités internationales en matière de protection des réfugiés, en ouvrant généreusement leurs portes aux Afghans contraints de fuir leur pays », a-t-il précisé.
Par ailleurs, le Secrétaire général s’est penché sur « la nécessité de sauvegarder les droits des femmes et des filles en Afghanistan -y compris par l’accès à l’éducation et d’autres services essentiels ».
« L’un des points positifs en Afghanistan aujourd’hui c’est une nouvelle génération de dirigeantes et d’entrepreneures éduquées qui se sont multipliées depuis deux décennies », a-t-il fait remarquer.
« Les femmes et les filles afghanes veulent s’assurer que les progrès ne seront pas effacés, que les portes ne vont pas se fermer et que l’espoir ne sera pas éteint », a lancé M. Guterres, relevant qu’il en va « de l’avenir du pays et de chaque Afghan ».
De son côté, le Secrétaire général adjoint de l’ONU pour les Affaires humanitaires, Martin Griffiths, qui était à Kaboul la semaine dernière, a déclaré que les Talibans s’étaient engagés par écrit à faciliter l’aide et à protéger les travailleurs humanitaires.
Il a lu des extraits d’une lettre où ils ont réitéré leurs engagements envers les droits des femmes, des minorités et la liberté d’expression « dans le respect de la culture et de la religion ».