Le président du CFCM alerte sur la situation des « chibanis », les oubliés de la pandémie

Au total 110.000 personnes vivent dans les Foyens des Travailleurs Migrants (FTM), dont 45.000 sont très âgées (chibanis). Les conditions de vie dans ces foyers imposent une grande promiscuité très préjudiciable en temps de pandémie. Depuis le début de la crise, 62 ont perdu la vie dont 7 au sein des structures qui les hébergent.

Seuls et vulnérables, les conditions de vie des « chibanis » dans les foyers sont déplorables avec notamment des cuisines et des sanitaires collectives qui augmentent le risque de contamination par le Covid-19. A cela s’ajoute la comorbidité liée à la rupture de soins (diabète, hypertension…).

Depuis le début de la crise, 62 ont perdu la vie dont 7 au sein des structures qui les hébergent. Dans un foyer de Saint-Ouen, un retraité algérien a été retrouvé dans sa chambre, plusieurs jours après sa mort.

Avec le mois de ramadan, le souhait de partager les repas de l’iftar ensemble peut conduire ces personnes fragiles à s’exposer encore plus au risque de contamination.

Sur les 168 foyers, 140 sont dans un état d’insalubrité déplorable. Face à cette situation préoccupante, le président du Conseil Français du Culte Musulman (CFCM), M. Mohammed Moussaoui, a saisi l’organisme dont dépendent les FTM qui relève du ministère de l’Intérieur.

Rappelant que les résidents des FTM, en hébergement collectif, sont exposés à des risques liés à la pandémie, M. Moussaoui a souligné la nécessité d' »éviter au maximum le risque de contamination des résidents en détectant le plus rapidement les personnes positives par une pratique extensive des tests diagnostiques par RT-PCR selon les méthodes d’investigation rapides proposées dès la levée du confinement, et par un isolement immédiat des cas de COVID-19 confirmés par ces tests. »

« Aussi, il me semble nécessaire de procéder au dépistage de ces résidents le plus vite et le plus complètement possible car il s’agit de populations particulièrement fragiles, précaires et exposées », a-t-il poursuivi dans son courrier à Mme Agnès Fontana, directrice de l’Accueil, de l’Accompagnement des Etrangers et de la Nationalité.

Le plan d’amélioration des conditions de vie dans ces établissements n’étant pas arrivé à son terme, « le fait qu’ils vivent à plusieurs avec des cuisines et sanitaires communs n’est pas de nature à faciliter la distanciation physique », fait constater M. Moussaoui.

« Ne serait-il pas envisageable d’héberger les plus fragiles d’entre eux dans des hôtels ou des villages de vacances pour limiter la propagation du virus ? », a-t-il demandé.

Ce quoi Mme Fondana a répondu: « L’idée de mettre les « chibanis » à l’abri dans des hôtels ou des résidences de vacances, dans le cadre des mesures actuellement en cours de mise en place suite à l’allocution du Premier ministre, est excellente et nous l’examinons. »

Dans sa réponse à M. Moussaoui, Mme Fontana a également annoncé que les résidents des FTM, ainsi que les salariés et bénévoles qui interviennent auprès d’eux, « sont identifiés comme prioritaires pour la réalisation des tests et le bénéfice des masques, au même titre que les résidents des EHPAD, ce qui est un premier progrès. »

En attendant, l’état des « chibanis » va s’aggraver avec le confinement et la rupture de liens sociaux. Des acteurs associatifs essaient de palier là où les services de l’Etat ont failli.

« L’entretien des parties communes n’est quasiment plus assuré nulle part, les gestionnaires sont invisibles, craignant la contagion, ils s’enferment dans leur bureau, le personnel se fait rare, quant aux masques et gel, ce n’est que de belles intentions, rien de cela n’est disponible », déplore Ali El Baz, membre du Gisti, en contact régulier avec les délégués de foyers.

« On parle beaucoup des Ehpad et c’est tant mieux, mais il faut aussi étendre les mêmes mesures aux foyers de migrants », ajoute-t-il.

 

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