Gras, sucre et sel: efforts de l’agroalimentaire mais peut mieux faire
Moins de gras, de sucre ou de sel dans les aliments, l’idée fait son chemin y compris dans l’industrie agroalimentaire, où petit à petit les fabricants font évoluer les recettes, mais leurs efforts restent encore insuffisants pour avoir un effet sur la santé publique.
D’autres sont en discussion avec les ministères de la Santé et de l’Alimentation, comme le géant du hamburger McDonald’s, les fromages P’tit Louis ou encore Lesieur.
Objectif : reformuler les recettes pour les rendre conformes au 2è Plan national nutrition santé (PNNS2), qui depuis 2006 recommande aussi de manger cinq fruits et légumes par jour et de bouger.
"Le mouvement est certes encore largement insuffisant", mais "c’est mieux que rien", se défend Pascale Briand, directrice générale de l’alimentation.
Elle reconnaît qu’il n’est "pas facile de faire évoluer les recettes", et que ces nouveaux produits "soient acceptés par les consommateurs".
"On y va très très doucement", témoigne Thomas Gauthier-Lafaye de chez Orangina-Schweppes. "Ca ne sert à rien de baisser à un niveau tel que le consommateur se tourne vers d’autres boissons plus sucrées", insiste-t-il.
Les efforts peuvent aussi être limités par des questions de coût, comme le remplacement de l’huile de palme, mauvaise pour la santé et l’environnement, mais beaucoup moins chère.
Pas question non plus de toucher à certaines recettes: l’Orangina Classic, la Danette (Danone) sont des produits dits "intouchables".
Le gouvernement veut favoriser les chartes collectives, celles signées par une interprofession et non une entreprise seule, à l’image de celle d’Unijus, qui fédère 85% de la fabrication de jus de fruits en France.
"L’impact peut être beaucoup plus important en termes de santé", explique Mme Briand. Cela élargit l’offre de produits moins sucrés, salés ou gras et donc réduit les possibilités pour le consommateur d’acheter un produit moins bon sur le plan nutritionnel.
Très favorable aux chartes collectives, l’Ania (Association nationale des industries agroalimentaires) souhaite des engagements moins contraignants, qui prennent en compte que "les PME n’ont pas toujours des services Recherche et Développement" pour revoir les recettes.
"Si on touche à un paramètre, il faut souvent compenser par autre chose pour que le goût ou la texture ne change pas trop", explique Cécile Rauzy de l’Ania.
"A quoi cela servirait de réduire le sel dans un plat préparé si cela conduit le consommateur à en rajouter au moment de manger?", demande-t-elle.
"Il n’est pas question de réduire les exigences", réplique-t-on au ministère de la Santé. Elles répondent "au minimum à changer pour qu’il y ait un effet sanitaire".
Plutôt que des engagements volontaires, les associations de consommateurs réclament une réglementation. Comme 60 millions de consommateurs qui déplore que le pain soit toujours trop salé (20 à 22g sel ajouté par kg de farine, malgré les recommandations (pas plus de 18g/kg).
Ces efforts ne font que "participer" à lutter contre l’obésité et les maladies cardiovasculaire, mais Pascale Briand le reconnaît, l’essentiel viendra du changement des comportements.