La décision dimanche du parti indépendantiste d’extrême gauche Candidature d’union populaire (CUP) de ne pas voter en faveur de Mas pour un deuxième mandat à la tête de l’exécutif régional révèle au grand jour la fragile coalition des forces nationalistes catalanes, depuis les élections de septembre dernier.
Artur Mas, au pouvoir depuis fin 2010, avait besoin au minimum de deux des dix voix des députés de la CUP pour être investi à nouveau en tant que président de la région. Car la coalition Junts pel si (ensemble pour le oui), composée des partis Convergence démocratique (nationaliste-droite) et Gauche républicaine, n’a obtenu que 62 sièges des 135 que compte le parlement catalan lors des dernières élections régionales de septembre 2015.
Or la CUP, qui s’oppose systématiquement à la reconduction du président du gouvernement sortant, explique sa position par l’implication de ce dernier dans des affaires de corruption et la mauvaise gestion de son cabinet en matière de politiques économiques et sociales dans la région.
Pour tenter de trouver un accord in extremis, le parti d’extrême gauche a demandé la désignation d’un autre candidat, une proposition qui a été catégoriquement refusée par la coalition Junts Pel Si, qui dit avoir tout essayé pour donner des gages à la petite formation anticapitaliste, en allusion à son soutien à une résolution parlementaire sans précédent pour le lancement d’un processus d’indépendance et la rupture de tout lien entre le Parlement catalan et les institutions espagnoles.
Faute d’accord entre les deux formations souverainistes sur l’identité d’un nouveau candidat à la présidence du gouvernement de la région de Catalogne avant le 9 janvier à minuit, de nouvelles élections régionales devront alors être convoquées.
Selon les observateurs, la tenue d’un nouveau scrutin serait un échec retentissant pour Artur Mas, à la tête de la Catalogne depuis décembre 2010, qui se présente comme la figure incontournable du projet indépendantiste. D’autant que son engagement sur la voie de l’indépendance depuis 2011 a eu pour effet d’éloigner son parti, Convergence démocratique qui a toujours défendu un nationalisme modéré dans un cadre espagnol, de ses électeurs traditionnels, sans pour autant dégager une véritable majorité favorable à son projet séparatiste.
Ainsi, en cas de nouvelles élections, Junts Pel Si risque de voler en éclats, dans le sillage de la transformation de la scène politique espagnole après les élections législatives du 20 décembre et la montée en puissance du parti Podemos, qui appelle à l’organisation d’un référendum d’autodétermination dans la région.
Autant dire que les acteurs politiques catalans doivent parvenir à un accord, avant samedi prochain, pour former un exécutif qui sera inévitablement hétérogène, ou bien s’orienter vers la convocation du quatrième scrutin depuis 2010, ce qui risque de peser lourdement sur l’avenir de la région.