En Inde, Macron mobilise autour de l’énergie solaire
Au deuxième jour de sa visite à New Delhi, le président français Emmanuel Macron a appelé à la mobilisation pour aider les pays les plus pauvres à mieux profiter de l’énergie solaire en suivant l’exemple de l’Inde.
"Nous devons lever tous les obstacles et changer d’échelle" pour développer l’énergie solaire, a lancé M. Macron à l’ouverture du sommet de l’Asi, qu’il coprésidait dans la matinée avec le Premier ministre indien Narendra Modi.
En fin de journée, le président français s’offrira, avec son épouse Brigitte, une escapade au Taj Mahal, lieu incontournable pour les dignitaires étrangers en déplacement en Inde.
Dans l’après-midi, il s’est adressé à la communauté française expatriée, à laquelle il a assuré qu’il allait "continuer à réformer en profondeur le pays".
"Ça ne s’arrêtera ni demain, ni après-demain, dans les trois prochains mois", a-t-il précisé.
Le chef de l’État s’est ensuite entretenu avec Rahul Gandhi, président du Parti du Congrès (opposition) et héritier de la célèbre dynastie politique indienne. Les deux hommes ont notamment évoqué la polémique soulevée par le Congrès autour du coût des 36 avions de chasse Rafale achetés par New Delhi en septembre 2016, a indiqué l’Élysée.
– Énergie verte –
Les questions d’énergie occupent une place importante dans cette visite de trois jours car Emmanuel Macron et Narendra Modi inaugureront lundi une centrale solaire de 100 MW à Mirzapur, près de Varanasi (Bénarès), construite par le groupe français Engie.
Samedi, les deux dirigeants avaient évoqué le délicat projet de construction d’une centrale nucléaire de six réacteurs de type EPR par le groupe français EDF à Jaitapur, sur la côte sud-ouest de l’Inde. La délégation française s’est félicitée d’une "avancée majeure" de ce dossier en discussion depuis une décennie et espère que les travaux pourront débuter fin 2018 pour cette "plus grande centrale nucléaire du monde".
En lançant l’Alliance solaire, Paris et New Delhi se présentent en pointe de la lutte contre le réchauffement climatique, en particulier après l’annonce du retrait des États-Unis de Donald Trump de l’accord de Paris de 2015.
"Avec M. Modi, nous sommes obsédés par les résultats concrets", a déclaré M. Macron, en citant l’Indien Gandhi pour qui "une once de pratique vaut mieux qu’une tonne de discours".
L’Asi veut offrir l’"écosystème" rassemblant les solutions technologiques, les ressources financières et les capacités de production de masse pour les 121 pays situés entre les tropiques du Cancer, a expliqué M. Modi.
L’objectif de l’Asi est de mobiliser 1.000 milliards de dollars pour développer 1 TW (térawatt) d’énergie solaire en 2030.
L’effort français s’élèvera à un milliard d’euros de prêts et de dons d’ici à 2022, a annoncé M. Macron.
"L’enjeu de cet engagement, c’est d’aller beaucoup plus vite en utilisant l’argent public pour débloquer les investissements des entreprises privées", a expliqué Rémy Rioux, directeur général de l’Agence française de développement (AFD).
– Exemple indien –
L’Inde est présentée comme un exemple à suivre car ce pays, troisième pollueur de la planète, veut multiplier sa production solaire par 25 en sept ans, pour la porter à 100 gigawatts (GW) en 2022.
En Inde et dans plusieurs pays d’Afrique comme la Côte d’Ivoire, l’un des acteurs de ce changement est le projet Solar Mamas, qui forme des grand-mères analphabètes à l’installation de panneaux solaires, avec la mission d’électrifier au moins 50 maisons chacune dans leur village.
Solar Mamas se concentre sur les grands-mères car "on est sûr qu’elles ne vont pas partir en ville dès leur formation terminée, mais bien retourner dans leur village et améliorer la vie de leur famille", explique une formatrice.
En seconde partie d’après-midi, le couple Macron s’est envolé pour le Taj Mahal d’Agra, à 170 kilomètres au sud de la capitale indienne.
Les photos de dirigeants étrangers devant le mausolée de marbre blanc du XVIIe siècle sont des incontournables des voyages officiels en Inde.
Le Taj Mahal a subi ces derniers mois les foudres d’une frange des nationalistes hindous, qui renient cette construction de l’empereur moghol Shah Jahan pour sa femme morte en couches. Une controverse qui s’inscrit dans une remise en cause plus générale ces temps-ci en Inde de l’héritage musulman du pays. (afp)