En Allemagne, le reprise résiste mais les inquiétudes demeurent

L’économie allemande a fortement rebondi au troisième trimestre, et devrait résister dans les prochains mois à la seconde vague de Covid-19, même si l’impact des nouvelles restrictions inquiète.

Du jamais vu : la première économie de la zone euro a affiché une hausse de 8,2% de son produit intérieur brut au troisième trimestre 2020, selon des chiffres officiels publiés vendredi.

Cette valeur, la plus haute depuis la réunification allemande en 1990, fait suite à une chute historique de 9,7% au deuxième trimestre, lorsque la pandémie de Covid-19 a frappé le monde.

La première économie européenne table désormais sur une récession moins forte qu’attendue pour 2020, à -5,5%, contre -5,8% prévue en septembre, a parallèlement annoncé le ministère de l’Economie.

Berlin anticipe ensuite une croissance de 4,4% en 2021 et de 2,5% en 2022, soit un retour à la dynamique « d’avant crise ».

« L’économie allemande est capable de croître, dans des conditions de pandémie », s’est félicité le ministre de l’Economie Peter Altmaier devant la presse

Le pays a bénéficié d’un effet de rattrapage débuté en mai, grâce à une accalmie sur le plan sanitaire et un relâchement des mesures de confinement.

La reprise a cependant ralenti dès la rentrée, avec l’aggravation de la crise sanitaire dans toute l’Europe.

Nouvelles restrictions

Pour tenter de juguler l’épidémie, l’Allemagne va vivre un mois de novembre au ralenti : bars, restaurants, équipements culturels et de loisirs vont fermer lundi jusqu’en décembre, tandis que les séjours touristiques à l’hôtel seront interdits.

L’objectif de ce « confinement light » : freiner suffisamment les infections, sans pour autant fermer commerces et usines.

Ces mesures auront un impact « gérable » sur l’économie, selon Berlin, qui se juge « mieux préparé » que lors de la première vague épidémique et prévoit même une légère croissance de 0,4% au quatrième trimestre.

D’autant que le contexte international est plus favorable à l’Allemagne qu’au printemps.

L’Asie, marché essentiel pour l’industrie exportatrice, n’observe pour l’instant pas de regain épidémique, et les frontières européennes restent ouvertes.

Résultat : les ventes d’automobiles, pilier de l’industrie allemande, sont revenues en septembre à leur niveau d’avant crise.

Une « nouvelle accélération de l’épidémie constituerait un risque sérieux pour le processus de reprise », a toutefois souligné le ministre, soulignant la « volatilité » de la conjoncture.

Sur un an, le PIB du troisième trimestre reste en baisse de 4,3% en données corrigées des effets de l’inflation et de calendrier, signe que la pandémie continue de peser.

Et des pans entiers de l’économie allemande vont fortement souffrir dans les prochains mois.

Un million de postes supprimés ?

« Ce nouveau confinement tente d’épargner l’industrie, mais la fermeture des services pendant quatre semaines risque d’accroître les faillites et le chômage », estime Carsten Brzeski, analyste pour ING.

Un million de postes pourraient disparaître dans les petites et moyennes entreprises à cause de la crise, selon une étude de la banque publique KFW.

Des plans massifs de suppression d’emplois sont à l’oeuvre dans les grands groupes, chez Lufthansa (jusqu’à 30.000 postes), TUI (8.000 postes), ou encore BMW (6.000 postes).

Et les organisations professionnelles de l’hôtellerie restauration craignent la faillite d’un tiers de leurs établissements à cause des restrictions.

Plusieurs milliers de salariés des secteurs les plus touchés, comme l’événementiel, la culture, ou la restauration, ont manifesté cette semaine à Berlin pour leur « survie ».

« Je n’ai pas travaillé depuis 6 mois », s’inquiète Pascal Reichsten, 23 ans, employé d’une entreprise de sécurité pour les concerts et événements sportifs.

« Nous craignons de faire faillite si cela continue(…). Nous demandons un soutien politique », enchérit de son côté Cordula Weidenbach, dont la société loue des meubles pour les foires à Munich.

Berlin a annoncé mercredi une nouvelle enveloppe de soutien pouvant aller jusqu’à 10 milliards d’euros pour ces entreprises. Jusqu’à 75% du chiffre d’affaires perdu pourra être indemnisé.

Le gouvernement a également prolongé fin août de 24 mois les dispositifs de chômage partiel, contre 12 mois auparavant.

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