La vision royale de cet ensemble régional est porteuse d’un projet salvateur pour tous les peuples de la région, loin de tout individualisme et dans un esprit de solidarité agissante, en réunissant toutes les conditions politiques et économiques à même d’ériger l’UMA en un acteur influent sur le plan africain et euro-méditerranéen.
Le Souverain a appelé, à cet égard, les Etats du Maghreb à faire preuve de volonté sincère pour surmonter "les obstacles et les écueils artificiels qui entravent le lancement effectif de notre Union, dans un climat de confiance, de dialogue, de bon voisinage et de respect mutuel des spécificités nationales".
Il a réitéré l’impératif de concevoir un "ordre maghrébin nouveau", sur la base de l’esprit et de la lettre du traité de Marrakech. Plusieurs motifs "nous incitent depuis des années à appeler de nos vœux l’émergence d’un ordre maghrébin nouveau, sur la base de l’esprit et de la lettre du traité de Marrakech fondateur qui vient d’achever sa 25ème année d’existence", a-t-il souligné dans son discours devant les membres de l’Assemblée Nationale constituante tunisienne.
Le Roi n’a pas manqué de relever que l’Union du Maghreb "n’est plus un choix facultatif ou un luxe politique superfétatoire". Elle est devenue plutôt une revendication populaire pressante et une exigence régionale stratégique incontournable".
Et de préciser que cet ordre devra permettre aux cinq Etats d’accompagner les mutations rapides qui s’opèrent dans la région, et ce, à partir d’une approche participative globale, propre à aider à relever les différents défis qui se posent en matière de développement et de sécurité.
Dans la continuité de la vision royale stratégique pour l’UMA, il a fait observer que la concrétisation d’un développement global en faveur des peuples de la région exige au préalable la création d’un climat propice à la réalisation des grands projets inclusifs, et surtout le parachèvement de la mise en place de la zone de libre échange maghrébine.
L’autre préalable, ajoute le Souverain, est la construction de réseaux de connexion intéressant les différentes infrastructures pour faciliter le libre déplacement des personnes, des services, des marchandises et des capitaux entre les pays du Grand Maghreb .
Cela, a-t-il poursuivi, permettra d’ouvrir de plus vastes perspectives de développement, avec tout ce que cela induit comme création de richesses et d’opportunités d’emploi.
"L’ambition qui nous habite d’édifier un Maghreb fort, capable de remplir le rôle qui lui revient aux plans politique, économique, social et sécuritaire doit, pour se concrétiser, reposer sur de solides relations bilatérales unissant entre eux les cinq Etats du Maghreb et s’appuyer, par ailleurs, sur des projets inclusifs qui renforcent la position et l’évolution de l’Union maghrébine", a-t-il dit.
Dans cet effort collectif, a souligné le Roi, le Maroc n’épargnera aucun effort pour raffermir ses relations avec les autres pays maghrébins frères qui sont mus par la même volonté, d’autant plus qu’il est convaincu que la coopération bilatérale est le véritable socle de l’action maghrébine commune.
Et de souligner que la région maghrébine ne doit pas manquer son rendez-vous avec l’Histoire, pas plus que l’UMA ne devrait demeurer en dehors de la logique du temps.
Le Souverain a déploré, dans ce sens, le blocage de l’Union du Maghreb qui "fait obstacle à l’exploitation optimale des richesses et des potentialités que recèlent les pays maghrébins" et hypothèque l’avenir de la région et l’éloigne des tendances prévalant dans les différentes régions du monde, l’expérience ayant démontré que les approches exclusives sont inopérantes pour faire face aux dangers sécuritaires qui guettent la région, surtout au regard des défis que connaît l’espace sahélo saharien en matière de sécurité et de développement.
Il a affirmé que c’est aussi un leurre de penser que le maintien de la situation actuelle et de l’état d’immobilisme que connaît le grand Maghreb peut être érigé désormais en stratégie payante. "Ce qui est particulièrement en cause à cet égard, c’est la persistance de la fermeture des frontières. Cette clôture n’est compatible ni avec la Charte fondatrice de l’Union, ni avec la logique de l’Histoire, encore moins avec les exigences de l’interdépendance et de la complémentarité géographique", a-t-il indiqué, ajoutant que cette situation va à l’encontre des intérêts des peuples maghrébins qui aspirent à l’unité et à l’intégration.
Pour le Roi, l’intégration maghrébine passe nécessairement par une démarche pragmatique avec un contenu concret qui traduise les aspirations des peuples de la région et soit apte à raffermir le partenariat entre les Etats maghrébins et le voisinage européen, dans le cadre du dialogue 5 + 5 de la Méditerranée occidentale, que dans le contexte plus large de la coopération euro-méditerranéenne, sans oublier le partenariat avec l’Afrique, porteur de grands desseins.