Didier Le Bret, candidat dans la 9e circonscription: « Les destins de la France et du Maroc sont liés tant les deux pays ont besoin l’un de l’autre »

Candidat PS dans la 9e circonscription des Français de l’étranger pour les législatives françaises, Didier le Bret, se rendra le 20 mai au Maroc pour la troisième fois depuis le début de sa campagne. Dans un entretien avec Atlasinfo, M. Le Bret estime que les destins de France et du Maroc sont liés « tant la France et le Maroc ont besoin l’un de l’autre », réaffirmant la position officielle de son pays sur la question du Sahara. Didier Le Bret déplore par ailleurs le manque d’ambition « de faire de notre rive Sud une « nouvelle frontière » de notre développement » et souhaite « être ce député qui contribuera à intégrer pleinement le développement de l’Afrique dans toutes ses composantes : économique, sociale, culturelle… »

Propos recueillis par Hasna Daoudi

Vous êtes le candidat du Parti socialiste dans la 9e circonscription des Français à l’étranger. Pourquoi cette circonscription et quels sont vos liens avec cette région ?

La 9ème circonscription comprend tout le Maghreb et une grande partie de l’Afrique de l’Ouest. Au total 16 pays. Ce sont des pays avec lesquels nous lient une histoire commune, un passé parfois douloureux, mais aussi aujourd’hui, des perspectives, un avenir commun à bâtir, où se joue une partie de notre stabilité et de notre prospérité. Ces pays ont également en commun une langue : le français. Et ils appartiennent par conséquent à une même famille, la communauté francophone.
Vous comprendrez que pour un ancien diplomate, qui a consacré une bonne partie de sa carrière à traiter des questions de développement, de culture, de francophonie, c’est une circonscription à bien des égards singulière et passionnante.
Nous avons également et malheureusement en partage d’avoir aussi à affronter conjointement le risque terroriste. Nous sommes sur la même ligne de front. Et là encore, de par l’expérience qui a été la mienne au cours des dix dernières années, que ce soit comme ambassadeur de France dans un pays en sortie de crise, ou comme directeur du centre de crise, et enfin comme Coordonnateur national du renseignement, il n’était pas anormal que cette circonscription me parle et m’intéresse.
De manière plus personnelle, enfin, j’y ai des attaches familiales. Ma mère est née à Oran et une grande partie de ma famille a vécu au Maroc jusqu’à la fin des années 1950.

Vous comptez repartir faire campagne au Maroc le 20 mai où vit une importante communauté française et de binationaux. Le Maroc et la France ont des relations denses et singulières qui ont vaincu une brouille inédite entre les deux pays. Comment voyez-vous l’évolution de cette relation ?

Ce sera mon troisième déplacement au Maroc. J’y ai désormais des amis que je retrouve toujours avec plaisir. Ma suppléante, Marion Berthoud, est marocaine de coeur et d’adoption. J’y ai des repères aussi. Les gares de Rabat, Casablanca, Marrakech, me sont désormais familières ! Et j’aime parcourir le pays le nez collé à la vitre des trains. J’en profite d’ailleurs avant que les paysages ne défilent à très grande vitesse, lorsque Tanger sera relié à Casa par TGV !
La brouille entre nos deux pays ne pouvait pas durer, tant la France et le Maroc ont besoin l’un de l’autre. Tout nous rapproche. L’histoire bien sûr, presque aussi solidement que la géographie. Nos communautés également : les deux tiers de la diaspora marocaine se trouvent en France et les Français du Maroc constituent de loin le premier contingent de notre communauté en Afrique.
Notre dispositif d’établissements scolaires est également exceptionnel, et pas seulement pour scolariser les Français. C’est aussi l’un des ponts majeurs entre Français et Marocains, un lieu où nos jeunesses se côtoient, et où les futurs cadres de nos deux pays se forment.
Enfin, témoin de cette vitalité, nos échanges économiques. Les investissements français au Maroc représentent le quart du total des IDE du pays. Pour nous, le Maroc est aussi le premier pays d’Afrique en volume pour nos investissements. Et la quasi-totalité des grands groupes français sont présents sur le sol marocain avec plus de 600 filiales.
Pour l’avenir, je suis confiant. Une fois encore nos destins sont liés. Et les orientations stratégiques prises par le Roi du Maroc, qu’il s’agisse de la mise à niveau des principales infrastructures du pays (ports, aéroports, gares, réseau routier…), du pari d’un Maroc "vert", qui souhaite tirer pleinement parti des opportunités de la transition écologique, ou encore du choix de l’Afrique sub-saharienne comme partenaire d’avenir, tout cela nous rapproche. Car là encore, nos intérêts convergent. Il y a la place pour de grandes synergies entre nos deux pays pour chacun des axes que je viens de citer.

La France soutient le plan d’autonomie proposé par le Maroc pour régler définitivement le conflit autour du Sahara. Quelle est votre position sur cette question ?

C’est une question majeure. Son non-règlement limite les perspectives de rapprochement entre deux grands pays, le Maroc et l’Algérie. C’est un frein majeur à l’intégration régionale. A la fin, ce sont les populations qui en paient le prix.
Ma position ne vous étonnera pas venant d’un diplomate qui a travaillé quatre années de sa vie à la Mission française auprès de l’ONU, et plus important encore, qui croit en la force du droit international pour résoudre les conflits. Dans cette perspective, la France considère que le plan d’autonomie marocain de 2007 constitue une base sérieuse et crédible.
A titre personnel, je forme le voeu que les deux grands pays que sont le Maroc et l’Algérie trouvent le chemin de la réconciliation sur cette question. Nous n’avons pas de leçons à donner. En Europe, nous avons eu notre part de conflits et de guerres ; mais nous connaissons aussi les dividendes de la paix.

Quel est votre marqueur ou votre valeur ajoutée par rapport aux candidats des autres partis sachant que vous avez une expérience et un profil particulièrement fournis ?

J’ai eu la chance de vivre la majorité de ma vie professionnelle à l’étranger. Je connais donc le quotidien de mes compatriotes de la 9ème circonscription. Je mesure à la fois la chance que cela représente, mais j’en connais aussi les servitudes : l’éloignement, le sentiment parfois d’être un Français de "second rang", le risque que font peser les accidents de la vie sur la situation des familles en l’absence d’aide de l’Etat. Combien de fois ai-je entendu des témoignages poignants de compatriotes qui ne se font plus soigner, se privent de tout pour continuer à scolariser leurs enfants, ou encore travaillent sans être déclarés et qui vivent ainsi sans filet !
J’ai également la conviction que la demande de France dans cette partie du monde est bien supérieure à notre offre, qui peine à être à la hauteur. Les contraintes budgétaires n’expliquent pas tout. Il manque aussi une ambition, tout simplement la volonté de faire de notre rive Sud une "nouvelle frontière" de notre développement. Il serait pour le moins paradoxal, au moment où l’Afrique s’éveille, où le nombre de francophones triplera d’ici 2050, faisant de notre langue l’une des langues les plus parlées dans le monde, que nous regardions ailleurs…Je souhaite être ce député qui contribuera à intégrer pleinement le développement de l’Afrique dans toutes ses composantes : économique, sociale, culturelle…

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