Et si la question de l’eau fait d’ores et déjà partie des priorités nationales des plus urgentes depuis l’indépendance, c’est évidemment au Sahara que le Royaume nourrit désormais les plus grandes ambitions pour asseoir son statut de référence continentale en matière de gestion des ressources hydrauliques.
D’autant plus que la région est connue pour la rareté des ressources d’eau conventionnelles due à la sécheresse, au moment où plusieurs projets phares fleurissent depuis le lancement du modèle de développement des provinces du Sud en 2015.
Une réalité qui a dicté le recours à la technologie de désalinisation pour accompagner la croissance démographique et le développement soutenu de l’industrie et du tourisme, sans oublier un respect des plus strict des exigences écologiques.
Force est de rappeler que l’Office national de l’électricité et de l’eau potable (ONEE) a réalisé, en 1995, la première station de dessalement de l’eau de mer à Laâyoune, une installation qui a connu des travaux d’extension en 2005 et en 2021 pour atteindre désormais une capacité de production de 26000 m3/j.
De plus, une nouvelle station, dont la mise en service est prévue au deuxième semestre 2021, aura une capacité de production de 26000 m3/j, qui vont s’ajouter aux 26000 m3/j de la première station et aux 10000 m3/j d’eaux souterraines, soit une capacité de production de 62000 m3/j.
« C’est un grand projet qui va permettre de satisfaire les besoins en eau potable de 237.000 habitants de la ville de Laâyoune et des centres avoisinants jusqu’à l’horizon 2040 », s’est félicité le directeur général de l’ONEE, Abderrahim El Hafidi, qui a effectué récemment une visite de terrain à cette station d’un coût global de 370 millions de dirhams (MDH).
La future installation fait partie d’un vaste chantier de renforcement de l’approvisionnement en eau potable de la ville de Laâyoune et des centres avoisinants, dont la première tranche porte aussi sur le renforcement de la production de l’eau brute, la réalisation de 3 réservoirs d’une capacité de stockage de 5500 m3, la réalisation de stations de pompage et la mise en place d’un système de télégestion.
D’après des données fournies par l’ONEE, la deuxième tranche du projet comprend la construction de la bâche d’eau de mer à travers la réalisation en 2023 d’une prise directe d’eau de mer pour une enveloppe budgétaire de 300 MDH.
Tarfaya n’est pas en reste: L’ONEE réalise actuellement un autre projet structurant pour le renforcement et la sécurisation de la production de l’eau potable de Tarfaya pour un coût de 50 millions de dirhams.
Ce chantier, dont la mise en service est prévue en 2022, consiste en la réalisation d’une nouvelle station de dessalement d’eau de mer pour un débit supplémentaire de 15 l/s.
Fin février dernier, un autre projet de renforcement de l’approvisionnement en eau potable de la ville de Tarfaya a été mis en service. Il consiste en la réalisation et l’équipement d’un nouveau forage et d’une station monobloc de dessalement de l’eau de mer pour renforcer la production actuelle en eau potable avec un débit supplémentaire de 5 l/s et la pose d’une conduite de refoulement d’eau brute sur un linéaire de 1200m.
Ce projet, dont le coût n’a pas dépassé 8 millions de dirhams, permettra de résorber le déficit de 36% enregistré dans la production de l’eau potable et de satisfaire les besoins en eau potable, à court terme notamment pendant la saison estivale, d’une population de 10.000 habitants de la ville de Tarfaya.
Le chantier est donc vaste mais l’objectif est clair: donner à la région de Laâyoune-Sakia El Hamra la capacité de maitriser son développement pour répondre aux besoins et aux préoccupations pressantes de ses population en matière d’équipements et de services de base.
Cette success-story marocaine inspire de nombreux partenaires du Maroc en Afrique, dont plusieurs sous-régions souffrent d’une pénurie croissante de l’eau.
En participant à un colloque tenu récemment sur la gestion des ressources hydrauliques, le Consul général de l’Union des Comores à Laâyoune, Said Omar Said Hassane n’a pas caché son admiration pour l’expérience marocaine en matière de dessalement de l’eau de mer, notamment dans les provinces du Sud du Royaume, la qualifiant de « très importante ».
Le diplomate comorien a fait aussi l’éloge des « impacts très positifs » de ces projets de désalinisation sur l’amélioration de la qualité de vie des populations de la région.
Il a confié à la MAP que l’un des objectifs de l’ouverture d’un consulat général de son pays dans la capitale du Sahara marocain était justement la promotion de l’échange de savoir-faire, d’expériences et d’expertises scientifiques et technologiques dans les domaines des énergies et de l’eau.
Ce constat conforte la vocation continentale d’un Sahara marocain qui pourra se vanter dans un proche avenir d’être non seulement un pôle économique national de premier ordre, mais aussi et surtout un catalyseur de la coopération Sud-Sud.