Délestages électriques : la Zambie plongée dans l’obscurité
Le manque de précipitations qui se poursuit depuis plusieurs années en Zambie a créé durant les dernières semaines une crise énergétique sans précédent, confrontant ce pays d’Afrique australe à plus de 12 heures de coupures de courant par jour.
Ce barrage régule l’eau du fleuve Zambèze, qui chevauche la frontière entre la Zambie et le Zimbabwe. Mais en raison de la baisse du débit en amont du fleuve et ses affluents, le niveau d’eau du lac Kariba est tombé en dessous de 1% de sa capacité à fin décembre, contre 20% un an plus tôt, selon les données de l’Autorité du fleuve Zambèze.
La Zambie qui tire plus de 80% de son électricité de l’énergie hydraulique, a ainsi entamé un programme de délestages électriques par rotation pour faire face au déficit d’approvisionnement.
Du côté de la Compagnie d’électricité zambienne publique « ZESCO », les chiffres sont très révélateurs : la baisse de la production à la centrale hydraulique de Kariba de 1080 mégawatts à moins de 400 mégawatts ne permet pas de répondre à la demande d’électricité, en particulier pendant les périodes de pointe du matin et du soir.
Dans cette veine, il s’avère que des mois difficiles se profilent pour les entreprises et les ménages zambiens. L’économiste Lubinda Haabazoka a souligné, à cet égard, que les délestages ont des effets néfastes pour le pays, en augmentant le coût de production, en limitant les opportunités d’affaires et en contribuant à la hausse des prix.
Face à un tel constat, l’Association zambienne des fabricants (ZAM) à rompu son silence, exhortant le pgouvernement à prendre toutes les mesures nécessaires pour minimiser les risques qui guettent les entreprises du secteur manufacturier.
« La plupart des fabricants assument toujours le fardeau des coûts de production élevés en raison de l’augmentation des dépenses de carburant pour faire fonctionner les générateurs », a déploré la directrice générale de la ZAM, Muntanga Lindunda.
Elle a également mis en garde que l’impact négatif de cette crise pourrait s’étendre aux besoins en devises du pays, car la facture du carburant devrait augmenter, notant que « cela devrait se répercuter inévitablement sur le taux de change et les objectifs d’inflation du gouvernement ».
Dans ce contexte, le Président Hakainde Hichilema s’est dit conscient des perturbations causées par les délestages continus sur les différents secteurs économiques, les petites entreprises, les installations vitales, les ménages et les citoyens.
Il a annoncé dans la foulée que son gouvernement se penche actuellement sur l’élaboration d’une stratégie d’autosuffisance énergétique qui devrait répondre aux défis que connait le pays, aussi bien à court qu’à long terme.
Le chef de l’État a également insisté sur la nécessité de renforcer le rôle des producteurs d’électricité indépendants en éliminant les obstacles réglementaires, notant que le secteur privé est appelé à se joindre au gouvernement pour remédier à cette crise.
Par ailleurs, il a rappelé que l’exploitation du barrage Kariba est une question bilatérale entre la Zambie et le Zimbabwe qui nécessite une harmonisation plus poussée.
De l’avis des observateurs, la crise énergétique que traverse la Zambie est certe complexe et difficile, mais elle peut constituer en même temps une opportunité pour régler un problème qui demeure en suspens.
La Zambie dépend traditionnellement de l’énergie hydroélectrique, mais le manque d’entretien du barrage de Kariba et les précipitations variables de ces dernières années font que le pays n’a pas d’autre choix que de se tourner vers d’autres sources d’énergie.
Il est donc temps de réfléchir sérieusement à assurer une plus grande diversification du mix énergétique du pays et de s’engager fermement dans la transition vers les énergies renouvelables.