Sidney Lumet souffrait d’un lymphome et est mort dans la nuit de vendredi à samedi, a précisé Marc Kusnetz, le mari de la belle-fille du réalisateur, Leslie Gimbel.
Réalisateur prolifique passé de la télévision au cinéma, adepte des tournages rapides (rarement plus de quatre prises pour une scène), il avait été nommé à quatre reprises aux Oscars, mais n’a jamais été récompensé. Il a toutefois été distingué par un Oscar d’honneur pour l’ensemble de son oeuvre en 2005, remis par un de ses acteurs fétiches, Al Pacino, auteur de deux performances mémorables dans "Serpico" et "Un après-midi de chien". "Si vous priez pour incarner un personnage, Sidney est le prêtre qui écoute vos prières et permet de les réaliser", avait alors dit l’acteur.
Né le 25 juin 1924 à Philadelphie, Sidney Lumet était entré dès sa plus tendre enfance dans le monde du spectacle, faisant ses débuts à la radio à l’âge de quatre ans et sur scène, à Broadway, à 10 ans.
Enfant, il suit ses parents à New York, qui deviendra le théâtre d’une trentaine de ses films. Amoureux déclaré de la ville, il n’en hésite pas moins à en montrer le cô té sombre, notamment la corruption de la police, dans des films comme "Serpico", "Le prince de New York", ou "Dans l’ombre de Manhattan". En 1975, "Un après-midi de chien" raconte l’histoire de deux marginaux dont le braquage d’une banque new-yorkaise par une journée caniculaire tourne au fiasco.
En 1999, il affirmera pourtant ne pas chercher uniquement des histoires basées à New York. Avant d’ajouter: "Mais, tout scénario qui débute à New York a une longueur d’avance. C’est un fait que la ville peut devenir tout ce que vous voulez qu’elle soit".
D’abord embauché à la télévision, chez CBS, Sidney Lumet passe au grand écran en 1957 avec "Douze hommes en colère", huis-clos dans lequel Henry Fonda fait basculer un jury d’abord hostile à Hispanique accusé à tort de meurtre. Coup d’essai, coup de maître, le film lui vaut d’emblée une nomination aux Oscars.
Les trois autres suivront avec "Un après-midi de chien", "Network" (1976) et "Le verdict", avec Paul Newman, en 1982. Parmi ces films, "Network", critique acerbe du milieu de la télévision, restera comme l’un de ses plus célèbres. Peter Finch et Faye Dunaway y obtiendront l’Oscar du meilleur acteur et de la meilleure actrice, et Paddy Chayefsky celui du meilleur scénario.
Connu pour ses portraits du milieu urbain, Sidney Lumet a également adapté au cinéma plusieurs pièces de théâtre, dont "Long Day’s Journey Into the Night", d’Eugene O’Neill en 1962 avec Katharine Hepburn, "Vu du pont" d’Arthur Miller (1961) et "L’homme à la peau de serpent" de Tennessee Williams, avec Marlon Brando, en 1959.
Parmi ses films les plus populaires, on compte également "Le crime de l’Orient-Express", adapté du roman d’Agatha Christie en 1974, "Equus" en 1978, "The Wiz" en 1984, ou encore "Family business" en 1989.
Sidney Lumet était revenu à ses premiers amours au début des années 2000, réalisant pour la télévision "Tribunal Central", série située une fois de plus à New York. Son dernier film, "7h58 ce samedi-là", date de 2007, avec Philip Seymour Hoffman et Ethan Hawke incarnant deux frères dépassés par les événements après avoir fait braquer la bijouterie de leurs propres parents.
Ses trois premiers mariages s’étaient soldés par des divorces. Il était marié depuis 1980 avec la journaliste Mary Gimbel.