Débat présidentiel: Emmanuel Macron jugé le plus convaincant par 63 % des Français
Les deux candidats se sont affrontés avec une violence inédite dans une joute confuse, dont Emmanuel Macron semble être sorti vainqueur.
Dès les premières minutes, le ton était donné. C’est la candidate du Front national qui a donné le « la », ouvrant 2017, le débat par une attaque frontale contre le candidat d’En marche !. Avec une stratégie : en faire le responsable du bilan de François Hollande : « M. Macron est le candidat de la mondialisation sauvage, de l’ubérisation, de la précarisation, du communautarisme, de la guerre de tous contre tous », « tout cela piloté par M. Hollande à la manœuvre », a lancé Mme Le Pen à son adversaire, qu’elle appelle « M. le ministre de l’Économie, M. le conseiller de M. Hollande ».
La grande prêtresse de la peur, elle est en face de moi !
« Vous n’êtes pas la candidate de l’esprit de finesse » ni « de la volonté d’un débat démocratique équilibré et ouvert », a rétorqué M. Macron, après avoir écouté sa rivale mains jointes sous le menton, les yeux braqués dans les siens. À son « esprit de défaite », il a opposé « l’esprit de conquête » qu’il veut incarner.
Symbole de l’âpreté des attaques, l’échange sur le terrorisme et l’islamisme. Marine Le Pen a accusé Emmanuel Macron de « complaisance pour le fondamentalisme islamique ». « Ce que vous proposez, comme d’habitude, c’est de la poudre de perlimpinpin », a-t-il rétorqué, l’accusant de tomber dans « le piège » que les auteurs d’attentat « nous tendent » et de « porter la guerre civile ». « Projet peur ! » a balayé la dirigeante frontiste. Et M. Macron de répliquer : « La grande prêtresse de la peur, elle est en face de moi ! »
Le débat a donné lieu à de violentes passes d’armes entre M. Macron, sans notes et les yeux plantés dans les yeux de sa rivale, et Mme Le Pen, qui consultait très régulièrement ses dossiers. « Mensonges ! », « Grandes bêtises ! », « Vous ne connaissez pas vos dossiers ! » a-t-il accusé. « Je vois que vous voulez jouer avec moi à l’élève et au professeur, mais ça n’est pas mon truc », a répondu la seconde.
L’épisode emblématique de l’entre-deux-tours, la visite à l’usine Whirlpool d’Amiens le 26 avril, a été vite remis sur le tapis : M. Macron a accusé son adversaire d’y avoir « profité de la détresse des gens » et d’avoir fait des selfies « quinze minutes sur le parking ». « Je ne vais pas me planquer » dans une rencontre avec l’intersyndicale, a répondu Mme Le Pen.
« À plat ventre »
Emmanuel Macron a tenté de s’attaquer au « parti des affaires » que serait le Front national, visé par de nombreuses affaires judiciaires, et a qualifié sur la fin Mme Le Pen de « parasite » du système sur lequel elle « vivrait ». Il s’en est surtout pris plus méthodiquement aux « bidouilles » récentes de sa rivale sur son programme, l’interrogeant sur sa sortie de l’euro, sa réforme des retraites et le financement global de ses réformes.
Mme Le Pen a présenté son « arrogant » adversaire comme « à plat ventre » face à ses maîtres supposés. « La France sera dirigée par une femme », « moi ou Mme Merkel », a-t-elle lâché, dans une courte partie réservée aux questions internationales.
Alors qu’en 2002 Jacques Chirac avait refusé le débat face à Jean-Marie Le Pen, qualifié au second tour à la surprise générale, Emmanuel Macron avait tenu à livrer un match. Une « dispute de chiffonniers », selon Sophia Chikirou, la directrice de la communication de Jean-Luc Mélenchon, lequel n’a pas clairement appelé à voter pour Macron.
« Bon boulot ce soir de Marine Le Pen qui, par son indignité, aura donné envie de voter Emmanuel Macron aux derniers hésitants », a raillé Thierry Solère, organisateur de la primaire de la droite.
De nombreux internautes semblaient se ranger à son avis en partageant notamment ce moment où Marine Le Pen ne paraissait plus vraiment maîtriser la situation face à un Emmanuel Macron qui tentait de rester concentré.
Avec AFP