La filière des études anglaises constitue, en effet, l’une des premières destinations des nouveaux bacheliers, non seulement ceux qui ont eu leur baccalauréat en lettres et sciences humaines, mais aussi les étudiants issus des branches scientifiques.
Selon des statistiques du service des Affaires estudiantines de la Faculté des lettres et des sciences humaines (FLSH) de Rabat, le nombre des nouveaux étudiants inscrits à cette filière a presque doublé pendant les six dernières années, passant de 389 inscrits au titre de l’année universitaire 2014-2015 à 694 en 2021-2022.
En ce qui concerne le nombre total des étudiants inscrits à cette filière du premier au 6ème semestre, une évolution quasi-identique a été constatée. Le nombre total a grimpé de 1.536 étudiants en 2014-2015 à 2.219 en 2021-2022.
Ces chiffres corroborent les résultats d’une enquête menée, l’année précédente, par le British Council auprès de 1200 jeunes marocains et selon laquelle plus des deux tiers de ces jeunes sont convaincus que la langue anglaise parviendra à remplacer le français comme première langue étrangère au Maroc dans les 5 prochaines années.
D’après la même étude, 74% d’entre eux pensent que le passage à l’anglais profitera aux ambitions du Maroc en tant que pôle international d’affaires et de tourisme, 85% s’attendent à ce que le nombre de Marocains utilisant l’anglais augmente au cours de la prochaine décennie, et 65% considèrent l’anglais comme une langue très importante, tandis qu’à peine 47% jugent le français comme une langue importante.
Comment expliquer ce constat ? Le chef de département des études anglaises à la FLSH, Nourdin Bejjit, a mis en relief l’importance de la langue anglaise qui constitue un atout majeur sur le marché de travail, notant que la maîtrise de cette langue permet aux étudiants d’augmenter leurs chances d’emploi, notamment dans les secteurs touristique et de l’offshoring.
De surcroît, l’apprentissage de la langue anglaise constitue une priorité inévitable pour certains étudiants qui aspirent à des opportunités d’emploi ou à des programmes d’études à l’étranger, a-t-il soutenu dans une déclaration à la MAP, ajoutant que ce phénomène trouve aussi son explication dans la nature même de cette « matière ».
« Considérant que l’intégration des études anglaises ne requiert qu’une simple maîtrise des base linguistiques, l’étudiant trouve qu’il est possible de réussir son cursus dans cette filière, contrairement aux autres branches qui nécessitent un background et une culture générale importante, à l’instar des filières de l’histoire-géographie et de la sociologie », a affirmé M. Bejjit.
Par ailleurs, l’engouement des étudiants marocains pour la langue anglaise peut être s’expliquer simplement par l’amour et la passion qu’ils ont pour cette langue, eu égard au rôle de la mondialisation dans le rapprochement de cette culture et son instauration dans la vie quotidienne des jeunes marocains.
Sur ce point, M. Bejjit revient sur le rôle des médias dans la diffusion des cultures américaine et anglo-saxonne, à travers la musique et les différents programmes télévisés et cinématographiques.
Dans une déclaration similaire, Jamal Bahamad, professeur d’anglais à la même faculté, estime que l’intérêt des jeunes marocains pour la langue de Shakespeare s’expliquerait en partie par la méthodologie d’enseignement.
La plupart des enseignants de langue anglaise adoptent une méthodologie pédagogique efficace qui rend le cours plus accessible pour l’ensemble des étudiants, a-t-il indiqué.
Toutefois, cet intérêt sans cesse croissant pour la langue anglaise ne s’accommode pas toujours d’une offre de formation conséquente, faute de ressources humaines dédiées notamment dans les universités.
Évoquant l’exemple de la FLSH de Rabat, M. Bejjit a relevé que le nombre des étudiants inscrits chaque année à la filière de la langue anglaise ne cesse de croître, face à un nombre inchangé, voir même en baisse, du personnel enseignant, estimant que le renforcement du capital humain au sein de chaque université constitue le premier pas vers l’amélioration du savoir-faire des étudiants.
Et de conclure qu’il ne s’agit pas uniquement d’une langue à enseigner, mais plutôt d’une culture « vivante » à transmettre aux étudiants de la manière la plus idoine.