Dans une déclaration à la presse, le porte-parole du ministère égyptien de la Santé, Ahmed Amr a précisé que 446 personnes ont également été blessées lors de ces heurts, consécutifs à une nouvelle crise politique illustrée par les manifestations quotidiennes de partisans ou d’opposants à Mohamed Morsi.
Dans la soirée de mercredi, partisans et opposants du président égyptien continuaient de s’affronter à coup de pierres et de bâtons autour du palais présidentiel au Caire, au lendemain de manifestations massives contre les amendements constitutionnels.
Les heurts ont éclaté quand des milliers de partisans de Mohamed Morsi sont arrivés là où des opposants faisaient un sit-in. Ces derniers ont été chassés par les pro-Morsi qui ont également démoli leurs tentes.
Plus de 100.000 manifestants avaient encerclé mardi soir le palais présidentiel. Des incidents avaient également éclaté lors de ce rassemblement, et des manifestants avaient renversé une barricade installée par les autorités à quelques centaines de mètres du palais présidentiel, dans le quartier d’Héliopolis.
A l’aube, un calme précaire est revenu, mais pro et anti Morsi ont appelé à de nouvelles manifestations au cours de la journée de jeudi.
Mercredi, les violences ont touché d’autres villes d’Egypte, tels Suez et Ismailia (Est) où des opposants à Morsi ont incendié des locaux des Frères musulmans. Des troubles ont également été signalés à Mahallah et dans la province de Menoufia, au nord du Caire.
Jeudi matin, la garde républicaine, appuyée par des blindés, s’est déployée devant le palais présidentiel au Caire après ces affrontements.
Au moins quatre chars et trois véhicules blindés de transport de troupes ont pris position sur l’avenue où se sont produits des heurts entre pro et anti-Morsi.
Pour l’agence de presse Mena, le déploiement d’unités de la garde républicaine égyptienne autour du palais présidentiel au Caire a pour seul but d’assurer la sécurité du bâtiment.
En signe de protestation contre cette crise, née d’un décret élargissant temporairement les prérogatives présidentielles, trois conseillers du président égyptien Mohamed Morsi ont présenté, mercredi, leur démission.
Pour les trois démissionnaires, Amr Laithi, Seif Abdelfattah et Ayman Sayyed, les Frères musulmans devaient "penser de manière plus large".
Pour apaiser la situation, le Premier ministre égyptien Hicham Qandil a lancé un appel au calme après les violentes manifestations du Caire afin de réunir les conditions d’un "dialogue national" susceptible de mettre fin à la crise.
Dans un communiqué, le chef du gouvernement demande l’arrêt des heurts entre partisans et adversaires de Mohamed Morsi près du palais présidentiel.
"Il faut nous donner les moyens pour que puissent aboutir les efforts menés actuellement en vue d’ouvrir un dialogue national", dit-il.
Il demande à tous les manifestants de quitter le quartier de la présidence. "Les forces de police tentent de mettre en place des barrières pour séparer les deux camps afin que la violence s’arrête", précise-t-il.
Pour sa part, le grand imam d’Al-Azhar, Ahmed al-Tayyeb a appelé les Egyptiens à "la retenue et à recourir au dialogue pacifique et civilisé".
"La situation est tragique (…). C’est une catastrophe", a-t-il déploré, en demandant aux "opposants et partisans de mettre fin à cette situation".
"J’invite les enfants de mon pays à sauver l’Egypte", a-t-il ajouté.
En revanche, l’opposition a fait porter au président égyptien la responsabilité des violences éclatées au Caire, ajoutant que "le régime perd de sa légitimité jour après jour".
A cet égard, Mohamed Baradei, chef du Front du salut national (FSN), une coalition de l’opposition, a affirmé que M. Morsi portait l’"entière responsabilité" des violences.
Lors d’une conférence de presse commune avec l’ancien chef de la Ligue arabe, Amr Moussa, et l’ex-candidat à la présidence Hamdeen Sabbahi, qui font partie du FSN, M. Baradei a exprimé la disposition à s’engager au dialogue si le président retire le décret par lequel il a considérablement élargi ses pouvoirs.
"Nous ne participerons à aucun dialogue si la déclaration constitutionnelle n’est pas annulée", a-t-il insisté, en qualifiant le régime de M. Morsi de "répressif et autocratique".
"La révolution ne s’est pas faite pour cela, elle s’est faite pour des principes, pour la liberté et la démocratie", a-t-il ajouté.
"Le président Morsi doit écouter le peuple, dont la voix est claire et forte. Il n’y a pas de légitimité dans l’exclusion de la majorité du peuple, il n’y a pas de légitimité dans le fait de laisser un groupe dominer le peuple égyptien", a-t-il dit.
Le projet de décret controversé, adopté par la commission, accorde notamment à l’Etat un rô le de "protection de la moralité" et interdit "l’insulte des personnes humaines" et des "prophètes", des dispositions qui pourraient ouvrir la voie à la censure. (MAP). KA—BI. BR.