Cinq ans de prison requis contre Jawad Bendaoud, le logeur de deux jihadistes du 13-Novembre

Jawad Bendaoud « savait précisément » à qui il fournissait son squat : l’avocate générale a requis jeudi en appel une peine de cinq ans de prison contre le logeur de deux jihadistes des attentats du 13 novembre 2015, n’ayant « aucun doute sur sa culpabilité ».

Le réquisitoire a démarré avec les hurlements de Jawad Bendaoud, qui comparait détenu depuis mercredi, après avoir été condamné à six mois de prison ferme pour des "menaces de mort" (qu’il nie) contre une victime du 13-Novembre.

Et une nouvelle fois, le président de la cour d’appel de Paris a dû le faire sortir de la salle. "C’est la dernière fois que la cour supporte ces débordements!", a dit fermement le président après une suspension.

L’avocate générale Naïma Rudloff a alors pu démarrer son réquisitoire, rappelant "l’onde de choc planétaire" qu’ont entraînée les attentats du 13 novembre 2015, qui ont fait 130 morts à Saint-Denis et Paris.

Après avoir été relaxé en février, Jawad Bendaoud, un délinquant multirécidiviste de 32 ans, est rejugé depuis le 21 novembre pour "recel de malfaiteurs terroristes". Il encourt six ans de prison pour avoir mis à disposition d’Abdelhamid Abaaoud, le cerveau présumé des attentats, et de son complice Chakib Akrouh, un squat où ils s’étaient repliés, à Saint-Denis.

C’est là qu’ils sont morts dans l’assaut des policiers du Raid, le 18 novembre.

Il est jugé au côté de Youssef Aït Boulahcen, le cousin d’Abdelhamid Abaaoud, jugé pour "non-dénonciation de crime terroriste". Il avait été condamné en première instance à une peine de quatre ans de prison, dont un an avec sursis. L’avocate générale a requis la peine maximale (5 ans de prison, avec mandat de dépôt) contre cet homme qui a "une adhésion totale aux thèses jihadistes".

Pour Naïma Rudloff, il n’y a "aucun doute sur la culpabilité des deux prévenus". Rapidement dans son réquisitoire, elle a parlé de "ces délinquants, tentés par le jihadisme, et qui à un moment basculent".

"Le jihadisme a offert une morale à la délinquance des cités et les délinquants ont offert des moyens aux jihadistes", a déclaré la représentante de l’accusation.

Jawad Bendaoud savait "précisément à qui il fournissait l’appartement", a-t-elle poursuivi, l’appelant à plusieurs reprises par mégarde "M. Abaaoud".

La défense du prévenu n’a pas bougé depuis son premier procès : il affirme qu’il ne savait pas qu’il louait son squat à des jihadistes. Il a répété qu’il ne savait pas non plus que des jihadistes étaient en fuite, n’ayant pas suivi les informations après le 13 novembre.

"L’information est partout dans notre société hyperconnectée", lui a-t-elle rétorqué. "La parole de M. Bendaoud n’est pas fiable", a jugé la représentante de l’accusation.

L’avocate générale a repris "les différentes versions" données par le prévenu concernant les jihadistes : il pensait héberger "deux frères musulmans" de Seine-Saint-Denis, puis "un frère et un cousin", puis "un frère qui revient de Belgique". "Alors quelle est la bonne version ?", a-t-elle interrogé.

Il avait, selon Mme Rudloff, "une certaine fierté à recevoir ces deux locataires". Elle a rappelé qu’il avait fait le ménage dans l’appartement, amené une télévision. "Il loue trois nuits pour 150 euros. Même sur le marché parallèle, c’est un tarif d’ami".

Le réquisitoire est beaucoup plus dur qu’en première instance. Une peine de 4 ans de prison avait été requise, mais le procureur avait estimé qu’il n’y avait "pas suffisamment d’éléments pour affirmer" que Jawad Bendaoud savait qu’il hébergeait des jihadistes.

Le tribunal l’avait d’ailleurs relaxé, jugeant qu’il n’était "pas prouvé" que Jawad Bendaoud avait "fourni un hébergement à deux individus qu’il savait être des terroristes du 13-Novembre, afin de les soustraire aux recherches et éviter ainsi leur arrestation".

Dans ce procès d’appel, Jawad Bendaoud n’a cessé de crier son innocence, dans des coups de colère qui ont remplacé ses "punchlines" du premier procès, qui avaient fait fureur sur les réseaux sociaux.

Le procès se poursuit vendredi, avec les plaidoiries de la défense.

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