– Power of Siberia
A travers plus de 2.000 kilomètres de forêts de pins et de sols gelés, le premier tronçon de ce gazoduc titanesque – inauguré le 2 décembre –, relie les champs gaziers de Sibérie orientale à la frontière chinoise, dans la région de l’Amour.
La portion chinoise devrait être achevée en 2022-2023 et amener 38 milliards de m3 de gaz par an jusqu’à la ville de Shanghai, pour rassasier l’inépuisable appétit énergétique du géant chinois, premier importateur mondial d’hydrocarbures.
Le tube s’accompagne d’un énorme contrat d’approvisionnement, estimé à plus de 400 milliards de dollars sur 30 ans, et signé en 2014 après une décennie de négociations.
Power of Siberia ("Force de Sibérie"), construit dans des conditions extrêmes, illustre la main tendue de Vladimir Poutine à l’Asie, alors que les relations avec ses traditionnels partenaires occidentaux se sont considérablement tendues depuis le début du conflit ukrainien.
– Nord Stream 2
L’Europe reste encore la priorité du géant gazier russe, malgré les tensions des dernières années.
Le controversé Nord Stream 2, arrivant en Allemagne, doit approvisionner l’Europe du Nord et de l’Ouest via la Baltique, en contournant l’Ukraine. Il est d’une capacité de 55 milliards de m3 par an, autant que son frère aîné, Nord Stream 1.
Ce projet est dénoncé par l’Ukraine, la Pologne, les pays baltes, mais aussi les Etats-Unis qui y voient un cadeau fait à l’adversaire qu’est le Kremlin. Washington a même menacé le projet de sanctions.
Le tube, qui a coûté 9,5 milliards d’euros, est financé à moitié par Gazprom, à moitié par les Européens: les alemands Wintershall et Uniper, l’anglo-néerlandais Shell, le français Engie et l’Autrichien OMV.
Le gazoduc, construit à plus de 80%, devait être initialement lancé avant la fin 2019, mais l’autorisation du Danemark de traverser ses eaux n’ayant été délivrée que fin octobre, la nouvelle date de mise en service n’est pas encore connue.
Gazprom espère un lancement prochain, mais l’achèvement du tube dépendra de la météo en mer en plein hiver.
Sa mise en service presse, le contrat liant la Russie et l’Ukraine pour le transit gazier vers l’Europe prenant fin en 2019. Et l’Europe occidentale n’a pas envie de revivre les coupures d’approvisionnements hivernales des années 2000 causées par les différends russo-ukrainiens.
– TurkStream
Le sud de l’Europe et la Turquie ne sont pas en reste: le gazoduc TurkStream, contournant également l’Ukraine, doit être inauguré en janvier par Vladimir Poutine et Recep Tayyip Erdogan.
D’une capacité de 31,5 milliards de m3 par an, il travers sur 930 km la mer Noire, comme son prédécesseur Blue Stream. Un des deux tuyaux de TurkStream est destiné à la Turquie et l’autre au sud et sud-est de l’Europe. Sa construction bénéficie d’une météo plus clémente que ses frères nordique et oriental.
L’accord d’intention pour sa réalisation entre Gazprom et Botas a été signé en 2014, avant que les relations russo-turques ne se détériorent brusquement après le crash d’un bombardier russe abattu par la Turquie fin 2015.
Poutine et Erdogan scellent néanmoins le contrat fin 2016. Le projet symbolise aujourd’hui le rapprochement de la Russie et de la Turquie. D’autant qu’Ankara entretient des relations compliquées avec l’UE et l’Otan.