Campagne contre Akhannouch : le carburant de nouveau instrumentalisé dans des objectifs inavoués (Le Canard Libéré)
La publication évoque le retour comme par enchantement de la Kabbale anti-Akhannouch sur les réseaux sociaux, tout en se demandant: qui a peur de Aziz Akhannouch et qui cherche à lui nuire à ce point et pour quelle raison ?.
« Ceux qui savent lire les dessous des cartes n’ont aucun mal à comprendre que les attaques visent à mettre en difficulté le Chef du gouvernement dans le cadre d’une guerre larvée savamment orchestrée pour le mettre en difficulté », estime l’auteur de l’article, Abdellah Chankou, relevant que Aziz Akhannouch, « fort d’une carapace solide que ses dehors bonhommes ne montrent pas suffisamment, fait le dos rond, encaisse le coup en silence, essuie des pertes colossales sans moufter et laisse passer l’orage artificiel dont il n’était pas, en homme intelligent mais stoïque, sans ignorer l’origine et les objectifs inavoués ».
« Il est convaincu que l’appel au boycott dont il est l’objet n’a rien, comme voulait le faire croire une certaine bien-pensance médiatique, d’un mouvement social spontané » qui traduit une nouvelle forme de contestation, poursuit-il, soutenant que conduire un gouvernement dans une conjoncture aussi catastrophique, la pire de l’histoire contemporaine du Maroc, a toutes les caractéristiques du « cadeau empoisonné ».
L’auteur de l’article relève, à cet égard, que face à la flambée des produits énergétiques, la hausse des cours des céréales, la sécheresse, le stress hydrique et la spirale inflationniste, la marge de manœuvre de l’Exécutif s’en trouve fatalement très réduite.
Il rappelle que la hausse des prix du carburant a été provoquée, au Maroc comme sous d’autres cieux, par la guerre en Ukraine et l’envolée des coûts du fret, faisant observer que les prix affichés à la pompe ne font que refléter l’évolution des cours à l’international.
Quant aux niveaux de marge des distributeurs notamment sur le gazole, ils restent très réduits contrairement aux assertions selon lesquelles les pétroliers se font des bénéfices colossaux sur le dos du consommateur, souligne-t-il, faisant observer que pour préserver le pouvoir d’achat de la population, le gouvernement a fait dès le début le choix de subventionner les transporteurs tout en rejetant avec véhémence, ainsi que l’ont réclamé plusieurs voix, le retour à la subvention des produits pétroliers par la Caisse de compensation.
L’Exécutif a également refusé l’idée largement soutenue par certains milieux du gel de la fiscalité (TVA et TIC), l’une des plus faibles au monde, qui rapporte bon an mal an quelque 35 milliards de DH aux caisses de l’État, selon « Le Canard libéré », qui note qu’il est difficile d’abandonner cette manne, impossible à compenser en l’état actuel des ressources du pays, sans mettre en péril l’équilibre budgétaire.
Evoquant le mouvement de baisse enclenché depuis le 14 juillet des cours du brut sur le marché international en réaction à la crainte d’une récession mondiale qui se traduirait par une réduction de la demande en pétrole, le journal souligne que les distributeurs ont joué le jeu et réajusté en conséquence les prix à la pompe qui ont baissé, le samedi 15 juillet, d’environ 1 DH, aussi bien pour le gasoil que l’essence (le prix du premier liquide est passé de 16,68 à 15,64 DH le litre tandis que celui du deuxième est vendu à 16,72 DH au lieu de 17,87).
Les hasthaguistes ont aussitôt exprimé leur mécontentement par rapport à cette baisse qu’ils jugent très en deçà de leurs attentes, ignorant probablement que la réduction des prix du pétrole brut n’entraîne pas automatiquement une baisse des produits raffinés importés et vendus dans les stations-service du pays, poursuit-il, précisant que du coup, entre en ligne de compte un autre facteur dans l’équation pétrolière : les stocks d’avant la baisse des prix doivent être écoulés, sauf à accepter de perdre de l’argent, en prenant en considération le prix d’achat initial.
« En termes plus clairs, les distributeurs marocains achètent les produits raffinés sur le marché à terme où les prix sont fixés plusieurs mois à l’avance. Tout le contraire du marché spot (réglés comptant, donc de manière instantanée) dont les prix des transactions sont déterminés au jour le jour suivant le trend du marché », explique le journal, précisant que la hausse actuelle du dollar, monnaie des importations énergétiques, face au dirham, pèse sur la balance commerciale et induit par conséquent une détérioration supplémentaire du pouvoir d’achat.
« Il est vrai que les prix des carburants ont flambé au-delà du raisonnable. Mais la campagne qui aurait un sens et même de l’essence c’est le boycott des carburants par les automobilistes. Or, en dépit de la surchauffe des prix à la pompe, les stations-service ne désemplissent pas », conclut l’auteur de l’article.