« Notre position doit être assez prudente. Nous ne pouvons pas agir lorsque nous essayons de résoudre une grave situation », a déclaré le président de la première puissance sud-américaine, depuis une base militaire à Guarujá, sur la côte de Sao Paulo (sud-est).
« Personne, nulle part dans le monde, n’est favorable à la guerre, mais nous avons de très graves problèmes qui guettent toute l’humanité et notre pays en particulier, qui est également concerné par ce contexte », a déclaré Bolsonaro.
Le chef de file de l’extrême droite brésilienne n’a pas donné de détails sur le contenu de l’échange avec Poutine, à qui il a été le dernier à rendre une visite officielle controversée quelques jours avant l’éclatement du conflit militaire et qui a été critiquée par la Maison Blanche.
« Je crois qu’une solution sera trouvée. Il ne suffit pas de voir qui a raison, il faut faire en sorte que la crise ne s’aggrave pas. Je crois qu’une solution sera trouvée dans les jours ou les heures qui viennent », a-t-il estimé.
Bien que le Brésil, membre non permanent du Conseil de sécurité de l’ONU, ait voté en faveur de la condamnation de la Russie, Bolsonaro ne s’est pas prononcé contre Poutine et a même désavoué son vice-président, le général Hamilton Mourao, qui a vivement critiqué Poutine appelant à recourir à « la force » contre Moscou.
Le dirigeant brésilien a indiqué que les régions du sud de l’Ukraine « avaient voté massivement en faveur de l’indépendance lors d’un référendum, un processus similaire à celui que l’Ukraine elle-même avait emprunté ».
« Ce que veut la Russie, c’est l’indépendance de ces deux zones. Je n’entrerai pas dans le débat à savoir qui a raison ou qui a tort, mais ce que nous recherchons, c’est la paix en ce moment », a déclaré le président, qui a insisté sur le fait que la priorité était de continuer de retirer les citoyens brésiliens et sud-américains du territoire ukrainien.
Concernant l’impact que la guerre en Ukraine pourrait avoir sur les prix du carburant au Brésil, Bolsonaro a affirmé que le conflit affecte tous les pays. « La paix est le meilleur moyen pour nous et pour le monde entier afin d’être à l’abri d’une hausse considérable des prix du carburant », a-t-il ajouté.
De même, il a estimé que l’impact peut se faire sentir dans l’agro-industrie, puisque le Brésil, un pays à grande vocation agricole, dépend de l’importation d’engrais, l’Ukraine étant l’un des principaux fournisseurs.
« Nous avons des engrais dans tout le pays. A l’embouchure du fleuve Madère nous avons du potassium en abondance, mais c’est une réserve indigène, pourquoi ne pas l’exploiter là-bas ? », s’est interrogé Bolsonaro en allusion aux restrictions sur l’exploitation minière dans les aires protégées.
Bolsonaro (extrême droite) compte briguer un nouveau mandat lors des élections d’octobre prochain, pour lesquelles son rival de gauche, l’ancien président Lula Da Silva, connu pour sa proximité avec Moscou, part favori selon les sondages d’opinion.
Le ministère brésilien des Affaires étrangères avait appelé dans un communiqué au dialogue pour parvenir à une « solution négociée » à la crise ukrainienne, « en prenant en compte les intérêts légitimes de sécurité de la Russie et de l’Ukraine » et dans le plein respect « des principes de la Charte des Nations Unies ».
Le Brésil exhorte « les parties concernées à éviter une escalade de la violence », a ajouté le communiqué.