« Le Maroc n’accepte pas le double langage ni le double jeu de l’Espagne. Madrid doit comprendre que le Maroc d’aujourd’hui n’est pas le Maroc d’hier. Certains milieux en Espagne doivent actualiser leur vision sur le Maroc », a déclaré jeudi Nasser Bourita, ministre des Affaires étrangères.
L’ambassadrice du Maroc en Espagne, Karima Benyaich, qui a été rappelée pour consultation mardi dernier à Rabat, « ne reviendra pas tant que la crise dure, et la crise durera aussi longtemps que sa véritable cause perdurera, à savoir l’entrée du chef du Polisario, Brahim Ghali, sur le territoire espagnol dans des conditions indignes d’un Etat de droit, ainsi que sa non-comparution devant la justice espagnole », a indiqué le ministre des Affaires étrangères, lors d’une rencontre restreinte avec la presse.
Selon Nasser Bourita, « l’hostilité médiatique espagnole à l’égard du Maroc, à base de fakes news, ne peut occulter la véritable source de la crise, qui est l’accueil par Madrid sous une fausse identité du chef des milices séparatistes du Polisario ».
« Madrid doit faire preuve de transparence avec son opinion publique. La référence au sous-développement du Royaume révèle de vieux réflexes chez le voisin du Nord. Le Maroc a réalisé des taux de croissance soutenus malgré la crise », a dit le ministre qui a rencontré certains médias.
« S’il y a crise avec l’Espagne, c’est parce que les Espagnols ont préféré se coordonner avec nos adversaires et contre les sentiments du peuple marocain en accueillant un accusé de crimes de guerre », a-t-il poursuivi.
Il a également assuré que le retour de l’Ambassadrice Karima Benyaich à Rabat avait été décidé un jour avant sa convocation par le ministère espagnol des Affaires étrangères, qui l’a informé avec seulement trente minutes à l’avance, un acte inédit et inhabituel « .
Face à cela, « le Maroc rejette l’intimidation basée sur des clichés du passé: le Maroc d’aujourd’hui n’est pas le Maroc d’hier », a-t-il souligné.
M. Bourita a précisé que le malaise du Maroc avec l’Espagne date exactement du 17 avril, date à laquelle Brahim Ghali a été admis dans un hôpital espagnol avec une fausse identité et un faux passeport.
« Les manœuvres espagnoles visent à faire des responsables de cette crise des victimes », a précisé le ministre, rappelant que s’il y a crise entre le Maroc et l’Espagne, c’est parce que Madrid a jugé, de manière souveraine, de manœuvrer avec les ennemis du Royaume et d’accueillir sur son territoire quelqu’un qui fait la guerre au quotidien au Maroc ».
L’Espagne a agi à cet égard d’une manière qui suscite beaucoup d’interrogations vis-à-vis d’un État voisin respectable, en acceptant d’entrer dans toutes ces manigances, a-t-il poursuivi, ajoutant que depuis le 17 avril, l’Espagne et sa justice ont préféré regarder ailleurs par rapport à la présence sur le territoire espagnol de quelqu’un accusé de crimes de guerre, de crimes contre l’humanité et de crimes de viol et de violations graves des droits de l’homme allant jusqu’à lui fournir une fausse identité.
Toutes les manœuvres espagnoles pour détourner l’attention des véritables origines de cette crise « ne trompent personne, en tout cas ne trompent pas et n’impressionnent pas le Maroc », a indiqué le ministre.
M. Bourita a indiqué, dans ce cadre, que les autorités espagnoles « doivent d’abord être transparentes avec leur propre opinion publique et avec leurs propres forces vives », soulignant que ce n’est pas à coup de reportages et d’insultes et de bombardement médiatique qu’on occultera cette réalité.
«Le Maroc continuera à demander des clarifications et continuera à considérer que c’est le fond de la crise», a-t-il insisté, notant que la logique de l’humanitaire ne trompe plus personne.
« L’humanitaire n’a jamais dicté qu’on passe par la manigance. L’humanitaire ne se fait pas en cachette », a estimé M. Bourita, qui a appelé l’Espagne à reconnaitre et à assumer « ses graves attitudes » et à éviter « le double langage ».
Selon le ministre, « le Maroc ne procède pas au chantage, le Maroc est clair par rapport à ses positions, ses actions et son attitude ».
« Pourquoi ne nous ont-ils pas prévenu, même pas 48 heures plus tard? N’étions-nous pas des partenaires importants, des voisins, des amis? » Pourquoi ce monsieur n’a pas été dérangé par la justice espagnole ? Les raisons humanitaires (invoquées par l’Espagne pour accueillir Ghali) n’ont jamais empêché la justice d’agir », a-t-il insisté.
« L’Espagne doit également expliquer à l’Europe comment une femme violée par Brahim Ghali doit attendre que les ministères des Affaires étrangères. de l’Espagne et de l’Algérie se coordonnent », a-t-il ajouté.
« Le Maroc d’aujourd’hui n’est pas le Maroc d’hier. Le Maroc n’a pas de complexe », a dit le ministre, précisant que l’agressivité médiatique de ces derniers jours montre que c’est en Espagne qu’il y a un complexe à l’égard du Maroc.
« Fier de ses réalisations, le Maroc est un pays en voie d’émergence et l’Espagne le sait », a indiqué M. Bourita, précisant que ce sont « ces réflexes du passé qui se révèlent aujourd’hui et qui montrent ce décalage entre le Maroc dans l’imaginaire espagnol et le Maroc réel ».
Certains en Espagne, a-t-il dit, n’arrivent pas à admettre que le Royaume a préservé sa stabilité et a assuré son progrès économique et son développement social par les réformes menées sous la conduite du roi Mohammed VI.
« Il est temps de clarifier tout cela et que l’Espagne définisse ce qu’elle veut de ce partenariat », a indiqué M. Bourita.
Quant à l’afflux des migrants avec l’arrivée à la ville marocaine occupée Sebta (Ceuta) de 8 000 arrivées en 48 heures, le ministre a déclaré que cet afflux était dû « à un contexte de fatigue de la police marocaine après les festivités de la fin du Ramadan » mais aussi à « l’inaction totale de la police espagnole », qui se déploie à raison d’un policier pour chaque cent policiers marocains.