Boris Johnson, le Brexit jusqu’au bout

Entré dans l’histoire pour avoir sorti le Royaume-Uni de l’Union européenne, le conservateur Boris Johnson a fini le travail en décrochant jeudi au finish un accord commercial avec Bruxelles, sauvant ce qui pouvait l’être d’une année 2020 calamiteuse.

Imprévoyance, inconséquence, légèreté: le Premier ministre britannique, âgé de 56 ans, aura prêté le flanc aux pires critiques pour sa gestion de la pandémie de nouveau coronavirus depuis mars, prenant avec retard des décisions sur le confinement et multipliant les volte-face.

Il a été la première victime de sa désinvolture, tombant gravement malade du Covid-19 en avril après s’être vanté de serrer les mains dans les hôpitaux. Mais il a aussi placé le Royaume-Uni dans le peloton de tête des pays européens les plus endeuillés.

Reste qu’après avoir réussi à mettre en oeuvre la sortie de son pays de l’UE, votée par 52% de ses compatriotes en juin 2016 lors d’un référendum où il aura joué un rôle moteur, il a mené jusqu’au bout l’opération dans le délai qu’il s’était fixé. Il a refusé de prolonger la période de transition expirant le 31 décembre pendant laquelle le pays continuait à appliquer les règles européennes.

L’histoire dira si la rupture avec l’UE a libéré les forces créatrices du pays comme l’affirme Boris Johnson ou atrophié sa stature comme le craignent les europhiles.

C’est en tous cas sur cet engagement à mettre en œuvre le Brexit que le pétulant « Bojo » s’est hissé au pouvoir en juillet 2019, mettant fin aux atermoiements du gouvernement de Theresa May et réalisant l’ambition d’une vie.

Puis c’est la consécration aux législatives du mois de décembre suivant. Les Tories décrochent la plus large majorité depuis la Dame de fer, Margaret Thatcher, dans les années 1980.

 

 « Roi du monde »

 

Apprécié pour son non-conformisme ou décrié pour ses mensonges, le Premier ministre, reconnaissable à sa tignasse blonde savamment ébouriffée, est doué d’un incontestable charisme, et joue à coup de blagues la proximité avec le peuple, même s’il vient de l’élite.

Alexander Boris de Pfeffel Johnson est né à New York le 19 juin 1964 dans une famille cosmopolite et férue de politique. Depuis tout petit, il veut être le « roi du monde », a confié sa soeur Rachel à son biographe, Andrew Gimson.

Il suit le parcours classique de l’élite britannique: Eton College puis l’université d’Oxford, après un passage par Bruxelles, enfant, où son père était fonctionnaire européen. Il se lance ensuite dans le journalisme au Times, qui le licencie un an plus tard pour une citation inventée. Le Daily Telegraph le repêche et l’envoie à Bruxelles, de 1989 à 1994. A coup d’outrances et d’approximations, il tourne les institutions européennes en ridicule.

Elu député en 2001, Boris Johnson ravit la mairie de Londres aux travaillistes en 2008 et en fait une plate-forme pour se tailler une stature internationale. Avec quelques réussites emblématiques, comme l’organisation des Jeux olympiques. Et des échecs, comme son projet de pont-jardin sur la Tamise, qui aura coûté des dizaines de millions de livres sans aboutir.

 « Romantique, patriotique, nationaliste »

 

En 2016, il choisit le camp du Brexit au dernier moment. « Il pensait qu’il allait perdre et c’est pour cela qu’il a fait ce choix », a affirmé l’ex-Premier ministre conservateur David Cameron. « Il ne voulait pas renoncer à l’occasion d’être du côté romantique, patriotique et nationaliste du Brexit ».

Pendant la campagne du référendum, il promet au Royaume-Uni, débarrassé des « entraves » de l’UE, un avenir florissant, où il contrôlera son immigration et récupèrera les millions versés à l’UE pour les consacrer à son système de santé –un engagement basé sur un chiffre faux.

Le Brexit voté, Downing Street semble lui tendre les bras, mais il renonce, trahi par son meilleur allié Michael Gove qui se met sur les rangs avant lui en le proclamant inapte. Il récolte les Affaires étrangères. Il y reste deux ans, savonnant la planche à Theresa May avant de finir par prendre sa place.

Sa vie privée est elle aussi haute en couleur: après deux mariages et deux divorces, et au moins un enfant illégitime, sa compagne est actuellement Carrie Symonds, une spécialiste en communication de 24 ans sa benjamine, avec laquelle il a un fils, Wilfred, né en avril.

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