Attaque du Thalys: des ministres avancent des pistes pour renforcer la sécurité du rail
Patrouilles mixtes, billets nominatifs, échanges accrus de renseignements: une vingtaine de ministres européens, réunis samedi à Paris, ont fixé des objectifs pour renforcer la sécurité à bord des trains, huit jours après l’attaque d’un Thalys Amsterdam-Paris.
Ils ont également appelé la Commission à renforcer la législation européenne en matière d’armes à feu au début de l’année 2016 "au plus tard" pour renforcer la "traçabilité" et lutter "contre les trafics sur internet".
Le 21 août en gare de Bruxelles, le Marocain Ayoub El Khazzani, 25 ans, est monté à bord d’un Thalys en provenance d’Amsterdam et à destination de Paris avec un fusil d’assaut, un pistolet automatique, 270 balles, un cutter et une bouteille de 50 cl d’essence dissimulés dans ses bagages.
Ce jeune homme repéré pour ses discours radicaux, a écouté une vidéo de prêches jihadistes avant de sortir ses armes. L’intervention de plusieurs passagers, notamment de trois militaires américains en vacances, a permis de le maîtriser avant qu’il ne fasse un carnage.
Il a depuis été inculpé pour tentatives d’assassinats en lien avec une entreprise terroriste. Quatre des passagers l’ayant désarmé ont été décorés par le président français François Hollande et quatre le seront ultérieurement.
"Nous avons tous été très impressionnés par la bravoure de ceux qui ont empêché l’attentat mais nous avons eu de la chance. Il était donc utile de se retrouver pour tirer quelques conséquences" de cette attaque, a résumé le ministre allemand de l’Intérieur Thomas de Maizière en sortant de la réunion.
Parmi les pistes évoquées à cette occasion: un renforcement du contrôle des passagers et de leurs bagages dans les gares et à bord des trains, sans pour autant les rendre systématiques. Outre les problèmes de faisabilité, des contrôles systématiques représenteraient un "succès" pour les jihadistes, selon M. De Maizière.
-‘Ne pas surréagir-‘
Violeta Bulc, Commissaire européenne aux Transports qui a participé aux discussions, a abondé en son sens. "La sécurité et la sûreté des passagers, c’est notre première priorité. En même temps, il ne serait pas sage de surréagir, a-t-elle déclaré. Il est essentiel que, autant que possible, les transports publics restent facilement accessibles."
La marge d’action des responsables politiques est limitée compte-tenu du principe de libre circulation des personnes entre les 26 pays de la zone Schengen, dont le code a aboli les frontières physiques.
"Nous invitons la Commission, conformément à la déclaration du Conseil européen du 12 février 2015, à examiner une modification ciblée des règles du code frontières Schengen permettant des contrôles permanents là et seulement là où cela est nécessaire", écrivent toutefois les participants à la réunion de samedi, sans donner plus de détails.
En attendant, les ministres veulent recourir davantage aux "patrouilles mixtes, composées d’agents des forces de l’ordre de plusieurs pays sur le parcours des trains internationaux".
"Nous allons aussi travailler à l’évaluation des conséquences d’une généralisation des billets nominatifs pour les trains internationaux de longue distance", ont ils déclaré.
Ces propositions seront au coeur d’une réunion du groupe d’experts européen sur la sûreté dans les Transports terrestres prévue le 11 septembre. En octobre, les ministres des Transports de l’UE doivent se retrouver à Luxembourg. "Ce sera le forum approprié pour déterminer s’il y a besoin de démarches législatives au niveau de l’UE", selon un communiqué de la Commission.
Pour l’aérien par ailleurs, les ministres ont mis l’accent sur la nécessité de parvenir à un accord sur le projet controversé de fichier européen des données des passagers des compagnies aériennes (PNR), bloqué depuis 2011 au Parlement européen.