Après le triomphe de Macron, les partis politiques français dans le désarroi

Les partis politiques français, profondément secoués par la large victoire du jeune centriste Emmanuel Macron à la présidentielle, se cherchent un cap à un mois de délicates élections législatives.

Avant la passation de pouvoir officielle prévue dimanche, Emmanuel Macron a assisté mercredi au côté du président sortant à la commémoration de l’abolition de l’esclavage. François Hollande, un président socialiste dont le mandat a été marqué par une impopularité record, avait présidé un peu plus tôt son ultime conseil des ministres.

Ralliement controversé de l’ex Premier ministre socialiste Manuel Valls à la majorité présidentielle de M. Macron, mise en retrait de la politique de Marion Marechal-Le Pen, étoile montante de l’extrême droite, rumeurs de nomination d’un premier ministre issu de la droite : l’échiquier politique se recompose après l’élection du centriste Emmanuel Macron, et les tactiques s’élaborent pour gagner le pari des législatives les 11 et 18 juin.

Ce scrutin est crucial pour le président pro-européen de 39 ans qui doit convaincre les Français de lui donner une majorité parlementaire pour gouverner. Pour mener les réformes promises dans un pays très divisé, il lui faut rassembler derrière lui des personnalités issues de la droite et de la gauche modérées.

Signe de la complexité de la situation, l’annonce de ralliement de l’ancien Premier ministre Manuel Valls au mouvement d’Emmanuel Macron a jeté le trouble au sein du parti socialiste (PS). Elle a dans le même temps été fraîchement reçue par le mouvement "En marche" maintenant rebaptisé "La République en marche", qui s’affiche "ni de droite ni de gauche".

Le responsable de la commission d’investiture du mouvement a indiqué mercredi que la candidature de M. Valls ne répondait pas à "ce jour" aux critères requis pour obtenir l’étiquette "majorité présidentielle". Il a souligné que M. Valls, qui incarne l’aile droite du PS, n’était pas adhérent.

"Nous voyons bien aujourd’hui qu’il n’est pas forcément opportun pour le mouvement En Marche! d’intégrer cette candidature" a résumé le responsable, Jean-Paul Delevoye.

Le Parti socialiste a de son côté lancé mercredi sa campagne des législatives, sous la houlette du Premier ministre sortant Bernard Cazeneuve qui s’exaspère publiquement de l’annonce de la mort imminente de sa famille politique.

L’ex-candidat socialiste à la présidentielle Benoît Hamon a pour sa part annoncé mercredi la création d’un mouvement "large" et "transpartisan" pour tenter de "reconstruire la gauche".

Après n’avoir recueilli que 6,4% des voix au premier tour de la présidentielle, il a néanmoins affirmé qu’il ne quitterait pas pour autant le parti dont il incarne l’aile gauche.

La droite guère mieux

Elle aussi sèchement éliminée au premier tour de la présidentielle – du jamais vu en soixante ans -, la droite (parti Les Républicains) espère aussi une revanche aux législatives. Son but: imposer à Emmanuel Macron la cohabitation avec un gouvernement de droite.

"Pour ma part, je ne suis pas dans l’état d’esprit d’une obstruction systématique", a toutefois nuancé l’ancien Premier ministre Alain Juppé, personnalité influente de droite.

Et si l’état major du parti dénonce la "confusion et la demi-mesure" du programme d’Emmanuel Macron, les noms de certains de ses élus, comme celui du maire du Havre (nord-ouest) Edouard Philippe, circulent comme choix possible de M. Macron pour prendre la tête de son gouvernement.

Les secousses n’épargnent pas les extrêmes.

Au Front national, l’annonce surprise du retrait de la vie politique de la députée Marion Maréchal-Le Pen, 27 ans, nièce de la patronne du parti et petite-fille de son co-fondateur, est vue comme un "séisme".

La benjamine de l’Assemblée nationale, aux positions sociétales plus radicales que celles de sa tante, a expliqué son retrait par des raisons "personnelles et politiques". Etre "un bon chef politique impose "d’autres expériences que celle du succès électoral", a-t-elle justifié, sans exclure un possible retour.

Quant au tribun de la gauche radicale, Jean-Luc Mélenchon, il a annoncé mercredi sa candidature aux législatives, décidé à capitaliser sur la dynamique de son mouvement "La France insoumise" après son score à la présidentielle (19,6% des voix au premier tour).

Mais là encore, sur fond de désaccords: le chef du Parti communiste, Pierre Laurent, a accusé la gauche radicale de refuser de sceller un accord pour les législatives.

"Le monde politique d’hier ne reviendra pas en l’état, mais il est trop tôt pour dire s’il survivra en se renouvelant ou s’il est condamné à mourir", pronostiquait avant le second tour l’historien Jean-François Sirinelli.

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