Algérie: renvoi du jugement contre un vétéran de l’indépendance, figure du « Hirak »

Le verdict du procès visant Lakhdar Bouregaâ, personnalité emblématique de la contestation en Algérie et vétéran respecté de la guerre d’indépendance, a été renvoyé au 2 avril, sans explication, a annoncé jeudi un de ses avocats.

Le tribunal de Bir Mourad Rais (à Alger) a « reporté le verdict à la semaine prochaine, le 2 avril », a déclaré à l’AFP Me Zoubida Assoul.

M. Bouregaâ, 86 ans, devait connaître la sentence ce jeudi, le parquet ayant requis le 12 mars une peine d’un an de prison ferme pour « atteinte à corps constitué ».

L’ancien commandant de l’Armée de libération nationale (ALN) avait été arrêté à son domicile algérois en juin dernier après avoir ouvertement critiqué l’ex-chef d’état-major de l’armée, le général Ahmed Gaïd Salah.

Ce dernier, décédé le 23 décembre, apparaissait alors comme l’homme fort du pays après la démission du président Abdelaziz Bouteflika en avril, sous la pression d’un puissant mouvement (« Hirak ») de contestation antirégime.

Après son arrestation, Lakhdar Bouregaâ est devenu une des figures les plus en vue du « Hirak » et, aux yeux des défenseurs des droits humains, le symbole de tous « les « détenus politiques et d’opinion ».

Il avait été remis en liberté provisoire le 2 janvier, après avoir passé six mois en détention préventive à la prison d’El-Harrach à Alger.

La justice algérienne fonctionne actuellement au ralenti en raison de la pandémie du nouveau coronavirus, dont le bilan officiel s’élève à 21 morts et 302 cas confirmés dans le pays.

Le ministère de la Justice a annoncé le 16 mars la suspension jusqu’au 31 mars de toutes les audiences des tribunaux criminels et correctionnels –à l’exception de celles déjà en cours pour des personnes en détention, qui se poursuivent à huis clos.

« Seules les audiences concernant les personnes en détention sont programmées. Or Lakhdar Bouregaâ est en liberté provisoire », a souligné Me Abdelghani Badi, un autre avocat de la défense.

La machine judiciaire continue néanmoins de sévir en Algérie.

La condamnation mardi de Karim Tabbou, autre figure populaire du « Hirak », à une peine d’un an de prison ferme a choqué et soulevé l’indignation des avocats, des organisations politiques ainsi que des défenseurs des droits humains en Algérie et à l’étranger.

En outre, la Ligue algérienne des droits de l’Homme (LADDH) a réclamé mercredi « l’ajournement de la mise en détention préventive » de Khaled Drareni, un journaliste indépendant arrêté lors d’une manifestation début mars, à cause de l’épidémie de coronavirus.

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