Algérie: Le militant des droits de l’homme Kamel-Eddine Fekhar entame une grève de la faim
Le militant des droits de l’homme algérien, Kamel-Eddine Fekhar, détenu « arbitrairement » dans une prison au sud d’Alger, a entamé samedi une grève de la faim pour protester contre la prolongation de sa détention préventive, a rapporté dimanche la presse locale.
Dans une déclaration rendue publique, les membres de la famille Fekhar ont dénoncé "une détention arbitraire et les conditions inhumaines" dans lesquelles se trouve leur fils, d’autant plus qu’"aucune preuve d’accusation n’a été à ce jour apportée par le juge d’instruction". Samedi, la famille de cet activiste algérien a appelé le secrétaire général de l’ONU à intervenir auprès du gouvernement algérien pour demander sa libération ainsi que celle de plusieurs membres de sa famille détenus pour la même cause dans les prisons de Ghardaia. L’ancien responsable du bureau régional de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme (LADDH) est "accusé par les autorités algériennes parce qu’il demande la protection des droits des Mozabites, connus pour leurs particularités puisque ce sont des Amazighs, et des Ibadites", explique la famille dans une lettre envoyée à Ban Ki-Moon et relayée par la presse locale.
Pour elle, Kamel Eddine Fekhar est également détenu à cause de sa lettre envoyé à Ban Ki-moon le 2 juillet 2015. Kamel Eddine Fekhar a été arrêté au lendemain des affrontements intercommunautaires d’une rare violence entre Arabes et Amazighs, survenus en juillet dernier, à Ghardaia, faisant au moins 22 morts et des dizaines de blessés, rappelle-t-on. Amnesty international avait demandé aux autorités algériennes "d’enquêter de manière prompte et impartiale sur ces incidents, ainsi que sur la réponse des forces de sécurité dans le cadre des affrontements". L’organisation internationale a également appelé les autorités à "briser le cycle de la violence dans la région de Ghardaïa en déployant les efforts nécessaires pour protéger les personnes avec équité".
En dépit de nombreuses initiatives entreprises par le gouvernement, la région de Ghardaïa s’est transformée en un foyer de tension permanent, mettant en péril la stabilité de tout le pays sur fond d’accusations aux forces de l’ordre de comportements discriminatoires envers les Amazighs.
Les appels incessants au calme, lancés par différents acteurs, et les déplacements in situ des plus hauts responsables de l’Etat ne sont pas parvenus jusque-là à normaliser la situation, puisqu’après chaque période d’accalmie, généralement de courte durée, les affrontements reprennent de plus belle, installant un sentiment de panique et d’insécurité parmi les habitants de la capitale de la vallée du M’zab.