Une conférence à Paris des experts marocains et internationaux autour de la thématique « Le nord du Maroc : Migration et développement territorial »
Cette rencontre-débat, qui s’est tenue à la Maison du Maroc, a été organisée en partenariat avec le Centre international d’études pour le développement local de Lyon (CIEDEL), le Centre d’études et de recherche en sciences sociales de Rabat et le Policy Center for the New South. Elle a donné la parole à des élus territoriaux et des spécialistes des questions de la migration et du développement pour engager une réflexion sur le Nord du Maroc, région qui malgré ses atouts stratégiques et les investissements réalisés ne connaît pas le décollage économique et social escompté.
Dans une allocution d’ouverture de cette conférence, qui s’est déroulée devant une grande assistance composée de diplomates, d’universitaires, d’étudiants, d’acteurs associatifs et de membres de la communauté marocaine établie en France, l’ambassadeur du Maroc en France, Chakib Benmoussa, a souligné l’importance de cet événement dans la mesure où il permet d’enclencher un débat sur les mesures à mettre en place en vue de détecter les lacunes à combler pour permettre à la région du Nord de réaliser le développement économique et social souhaité.
Il s’agit, selon l’ambassadeur marocain, de concevoir une politique territoriale sous différents angles qui tient en compte les spécificités de la région.
M. Benmoussa a tenu également à souligner que Sa Majesté le Roi porte un intérêt particulier au Nord du Royaume, qui s’est traduit dans les importants acquis et progrès que la région a connus depuis l’accession du Souverain au Trône.
Pour sa part, Driss Benhima ancien ministre et ancien Directeur de l’Agence de développement des provinces du Nord, a axé son intervention sur le concept de la régionalisation face à la mondialisation et son application au Nord du Royaume.
Il a relevé que le dispositif de la régionalisation avancée dans lequel le Maroc s’est engagé aborde cinq dimensions distinctes, à savoir la dimension historique d’ancrage de la modernité dans les articulations traditionnelles du pouvoir marocain, la volonté de rééquilibrer la course vers l’Atlantique, le choix capital du découpage des espaces régionaux en territoires de vocation, l’instauration d’un nouvel étage institutionnel pour créer un nouveau corps intermédiaire adapté à l’échelle régionale et la promotion d’une démarche de gouvernance inclusive en confiant au Conseil Régional l’identification et l’expression des préoccupations locales.
De son côté, Ali Belhaj, ancien président de la région de l’Oriental, a insisté sur les différences existant entre l’Oriental et les autres régions du Nord du Royaume, mais aussi sur les différences entre les parties nord et sud de l’Oriental en termes notamment de croissance démographique et de développement économique, rappelant certains des problèmes auxquels la région fait face notamment l’émigration, le chômage et la contrebande.
Et de relever qu’en dépit des efforts importants fournis par l’Etat marocain en vue du développer cette région, les résultats restent en-deçà des aspirations des populations, faisant observer que la fixation des populations demeure le défi majeur de l’Etat dans l’Oriental.
A son tour, Mohamed Charef, enseignant chercheur à la faculté des lettres et des sciences humaines, université Ibn Zohr d’Agadir et expert en migration, s’est arrêté sur l’historique du processus migratoire dans la région du Nord, notamment le Rif et l’Oriental, faisant observer que ce phénomène, très ancien, a fortement marqué la région.
Il a en ce sens insisté sur la nécessité d’intensifier la sensibilisation des décideurs sur les problématiques de la région, à travers le renforcement des échanges entre les autorités, les élus, les experts et les populations locales.
Sur ce dernier point, Abdallah Saaf, ancien ministre, enseignant-chercheur au Centre d’études et de recherche en sciences sociales, membre du Policy center for the new south, a souligné l’importance de l’approche participative et l’implication citoyenne dans la conception et la mise en oeuvre des politiques territoriales et de développement, notant qu’un long chemin a été parcouru et que beaucoup de travail reste à faire en la matière.
M. Saaf, qui a relevé les progrès que la région du nord dans sa totalité a expérimenté, a appelé à fournir davantage d’efforts en vue d’enraciner la culture de la participation citoyenne dans le sillage de l’ouverture que le Maroc connaît depuis l’accession du Roi au trône et des réformes tous azimuts lancées sous la direction du Souverain.
Si M. Saaf a insisté sur l’importance de la participation citoyenne, Philippe Clerc, conseiller expert CCI France, a mis l’accent sur la relation entre la Mondialisation et les politiques de développement territorial, relevant la nécessité d’œuvrer au développement des régions tout en veillant à préserver leur identité et leurs spécificités notamment sociales, culturelles et linguistiques.
L’expert français a aussi planché sur le concept de l »’intelligence" et de "diagnostic" du territoire, qui permettent, selon lui, de suivre en permanence l’évolution et les changements qui s’opèrent continuellement dans les régions, et partant de concevoir des politiques appropriées selon les besoins.
Pour sa part, Mohamed Boudra, président du Conseil municipal d’Al Hoceima, a souligné que toute politique de développement du nord doit capitaliser sur le riche patrimoine historique, culturel et naturel de la région, appelant à conjuguer les efforts de tous les acteurs concernés en vue de concevoir des politiques territoriales à même de donner réponse aux problématiques dont pâtit la région.
Enfin, Christophe Mestre, directeur du CIEDEL, a centré sa participation sur le rôle des collectivités territoriales et de leur importance à la fois autour des dynamiques de préservation de la paix et de la sécurité au niveau sous régional et de leur importance en tant qu’organisme en charge à la fois du bien-être des habitants et du développement territorial.