Visite du pape: les catholiques birmans « nerveux » sur l’usage du mot « rohingya »

Les catholiques de Birmanie se sont dit vendredi "nerveux" à l’approche de la visite du pape, qui a encore évoqué lundi le drame du demi-million de musulmans rohingyas ayant fui la Birmanie depuis fin août, craignant qu’il ne prononce face à ses hôtes birmans le terme tabou dans le pays de "rohingya".

"Il y a une certaine nervosité quant à l’usage du terme +rohingya+. C’est un sujet très sensible pour les gens ici", a déclaré à l’AFP le père Mariano Soe Naing, porte-parole de la Conférence des évêques catholiques de Birmanie.
"Notre crainte, c’est que s’il le prononce, il pourrait y avoir des problèmes", a-t-il ajouté, évoquant aussi le risque que l’évocation des Rohingyas par le pape ne fédère le mécontentement contre le gouvernement civil d’Aung San Suu Kyi, qui reçoit le pape.

D’après les derniers chiffres des Nations unies, plus de 580.000 musulmans rohingyas ont fui la Birmanie depuis le 25 août, pour se réfugier au Bangladesh voisin. Cette crise a débuté quand des rebelles rohingyas, dénonçant les mauvais traitements subis par leur minorité en Birmanie, ont attaqué des postes de police fin août, entraînant une répression sévère de l’armée.

"Il y a 200.000 enfants rohingyas dans les camps de réfugiés" au Bangladesh, a encore souligné lundi le pape, qui n’a pas hésité à parler publiquement de "la persécution de la minorité religieuse de nos frères rohingyas".

Or le terme "rohingya" est tabou en Birmanie, où les membres de cette minorité ethnique sont appelés "bangladais", les Birmans les considérant comme des immigrés illégaux du Bangladesh voisin, même si nombre d’entre eux sont là depuis des générations et avaient des papiers d’identité jusqu’à ce que la junte militaire les leur retire en 1982.

"L’Eglise catholique bien sûr n’a pas de haine envers les Bangladais, ils ont toute notre sympathie", a ajouté le porte-parole de la Conférence des évêques catholiques de Birmanie, employant le terme de "bangladais" et non de "rohingyas".

La défense par le pape de ces musulmans qui fuient en masse la Birmanie agitée par un bouddhisme radical est susceptible d’enflammer l’opinion publique birmane.

"Il serait sage de ne pas mettre en difficulté le pays qui le reçoit", a ajouté le père Mariano Soe Naing, évoquant la fragile position du gouvernement civil. Le pape doit commencer sa visite avec une rencontre avec la Prix Nobel de la paix Aung San Suu Kyi le 28 novembre.

Quelque 200.000 personnes sont attendues à la messe du 29 novembre à Rangoun, la capitale économique, lors de cette première visite d’un pape en Birmanie. (afp)

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