Gabriel Attal, une déclaration sans vote de confiance !

Le vrai défi novateur aurait été que le nouveau premier ministre Gabriel Attal fasse une déclaration de politique générale et se soumet immédiatement au vote de confiance de l’assemblée. Le jeune et fougueux Attal n’a pas eu cette audace et pour cause. L’Assemblée nationale est vent debout contre la politique du président Emmanuel Macron et même le parti des Républicains qui aurait pu être une force d’appoint se met à grogner dans les rangs de l’opposition.

D’habitude lorsqu’un président est élu ou un Premier ministre nommé, il y a toujours un état de grâce qui l’attend où l’heureux élu marche sur des nuages, bénéficie d’une incommensurable empathie. Pour Gabriel Attal, ce temps fut bien court, juste assez pour s’extasier sur son jeune âge et son mimétisme atavique avec Emmanuel Macron.

Dès le début de son mandat à Matignon, Gabriel Attal a eu à gérer une des crises sociales les plus dangereuses du second mandat, qui pourrait dépasser largement dans son intensité les protestations contre la réforme du régime des retraites ou les hauts le cœur contre la nouvelle loi sur l’immigration largement censurée par le Conseil constitutionnel. Cette crise qu’affronte Attal est la crise des agriculteurs français qui menacent de transformer leurs mouvements en gilets verts avec davantage de détermination et des risques blocages.

Cette crise agricole est un premier test grandeur nature de ce qu’un jeune Premier ministre comme Gabriel Attal peut livrer. Un travail de communication d’orfèvre dont il excelle déjà, une expertise dans la déclamation reconnue, un volontarisme à tout épreuve, mais un plafond limité dans les solutions préconisées. Pour les détracteurs de Gabriel Attal, et derrière lui Emmanuel Macron, les solutions à cette crise ne se trouvent ni au palais de l’Élysée ni à Matignon mais bien à Bruxelles, siège de l’Union Européenne. Sans compter que les exigences des agriculteurs durement touchés par la crise sont frontalement frappées par les choix et les convictions écologique affichées par le gouvernement.

La mission urgente de Gabriel Attal est d’empêcher la naissance d’un mouvement des gilets verts qui, dans le contexte politique hautement sensible, pourrait se radicaliser et bloquer la société et l’économie française. Une mission herculéenne qui se rajoute à d’autres complications du moment. Parmi ces dernières, on trouve la spectaculaire censure affligée par le Conseil constitutionnel à la nouvelle loi sur l’immigration votée dans la douleur au Parlement.

Pour la gouvernance de Gabriel Attal, cette censure est à double tranchant. D’un côté, elle efface à bon prix les accusations lancées contre le gouvernement et Emmanuel Macron d’avoir cédé aux sirènes de l’extrême droite. Ce qui risquait d’affaiblir durablement la jambe gauche de la majorité présidentielle. De l’autre côté, elle pousse la droite républicaine à l’origine des articles censurés à adopter une attitude de défiance à l’égard du gouvernement, ce qui exclue tout rapprochement politique. Cette droite républicaine a répondu à cette censure en exigeant une réforme de la constitution pour vider de sa substance la menace d’inconstitutionnalité qui pèse sur les lois.

Pour l’extrême droite dont le vote de cette loi sur l’immigration par le parlement a été ressenti comme une grande victoire, la censure du Conseil constitutionnel pourrait servir de carburant électoral pour mobiliser davantage pour les prochaines échéances électorales, européennes en juin prochain et présidentielles en 2027.

Gabriel est en train de vivre des baptêmes de feu à plusieurs niveaux. Son discours de politiques générale ce 30 janvier était scruté sur plusieurs niveaux. D’abord voir ce qu’il y a de fondamentalement différent des annonces déjà faite par le président Emmanuel Macron. Ensuite y déceler l’empreinte ce nouveau premier ministre susceptible de transformer l’empathie politique dont il bénéficie aujourd’hui en possibles alliances pour élargir la majorité présidentielle et éviter aux français et à la représentation nationale le supplice chinois du fameux article de la constitution 49.3 qui tue le débat parlementaire et prive les députés de vote.

Gabriel Attal est à la fois premier ministre, chef de la majorité, leader de campagne pour les européennes. Il doit se démultiplier pour remplir ces fonctions et il doit, sous parrainage présidentielle, élaborer un programme de gouvernement qui pourrait lui garantir un succès dans ces trois missions. Cette séquence politique est à la fois engageante pour un jeune Premier ministre qui a tout à prouver mais aussi risquée si le prochain test électoral européen n’apporte pas les résultats escomptés.

Le mandat de Gabriel Attal, en comparaison avec celui récent d’Élisabeth Borne, a été lancé sur des chapeaux de roue avec une exigence de résultats immédiate sous peine d’inévitables sanctions. Le couperet des élections européennes pourrait être pour Gabriel Attal un glaive qui coupe tout élan ou au contraire une rampe de lancement qui autorise toutes les ambitions.

 

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