Journée internationale pour l’élimination totale des armes nucléaires : le bouton nucléaire à strictement surveiller
Et la course affolée à l’armement nucléaire est loin d’être terminée. Confronté à de nombreux périls, le monde va-t-il de mal en pis ? La résurgence des tensions et leur retentissement n’augurent guère d’une fin sans dégâts et le spectre d’une troisième guerre mondiale se profile, en raison de la déraison de certains pays guidés par un caractère belliqueux et mu par des impulsions pour le pouvoir et qui n’hésitent tout de même pas à brandir la menace de l’arme nucléaire.
L’objectif de réalisation d’un monde exempt d’armes nucléaires ne date pas d’hier, il a été inscrit dans la première résolution de l’Assemblée générale de l’ONU en 1946, appelant les pays à réfléchir à des mesures pour contrôler l’utilisation de l’énergie nucléaire et éliminer les armes de destruction massive.
Par conséquent, l’Assemblée générale a décidé de déclarer le 26 septembre Journée internationale pour l’élimination totale des armes nucléaires, l’occasion pour la communauté internationale de se mobiliser en urgence en faveur du désarmement nucléaire mondial.
L’histoire charrie une mémoire toujours aussi douloureuse de l’incident tragique de l’attaque à la bombe atomique contre Hiroshima et Nagasaki en 1945, dont les séquelles se ressentent jusqu’à aujourd’hui. L’horreur incommensurable qu’un tel incident désastreux se reproduise plane sur les vies.
Il est totalement inacceptable que les États en possession d’armes nucléaires admettent la possibilité d’une guerre nucléaire, a souligné le secrétaire général des Nations Unis, António Guterres, le 05 août 2022 au Japon, lors d’une cérémonie marquant le 77e anniversaire du bombardement atomique d’Hiroshima.
Les enjeux de l’élimination totale des armes nucléaires et de l’instauration de la paix s’avèrent complexes. Pour y remédier, plusieurs textes ont été adoptés en vue de limiter, voire bannir l’armement nucléaire, dont le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), entré en vigueur en 1970, qui prône l’utilisation pacifique des produits fissiles et le désarmement nucléaire. A cet effet, l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) est chargée de surveiller des installations contenant des matières passibles de contrôle.
Au total, 190 États ont adhéré au TNP. L’Inde, Israël, le Pakistan et le Soudan du Sud sont non signataires, tandis que la Corée du Nord a annoncé son retrait du traité en 2003.
Le Maroc, quant à lui, s’est toujours engagé en faveur de la lutte contre la prolifération et de la maîtrise des armements et partage les préoccupations de la communauté internationale concernant le développement des armes nucléaires et leur prolifération, a indiqué le directeur de l’Agence Marocaine de Sûreté et de Sécurité Nucléaires et Radiologiques (AMSSNuR) par intérim, Mounji Zniber, dans une interview accordée à la MAP, précisant que l’engagement du Royaume se traduit par son adhésion à la totalité des instruments internationaux en la matière tels que le TNP, l’Accord de Garanties Généralisées avec l’AIEA, le Traité d’interdiction complète des essaies nucléaires ainsi que le Traité de Pélindaba qui institue une zone exempte d’armes nucléaires en Afrique.
Selon l’AIEA, 13 pays comptaient sur l’énergie nucléaire, fin 2018, pour fournir au moins un quart de leur électricité, d’où l’intérêt d’utiliser le nucléaire à bon escient et de responsabiliser tous les pays qui détiennent cette énergie.
A cet égard, M. Zniber a expliqué que le secteur médical au Maroc représente près de 80% de l’ensemble des pratiques et des activités mettant en œuvre des sources de rayonnements ionisants, ajoutant que ce secteur compte 26 services de médecine nucléaire, 41 centres de radiothérapie et plus de 5.500 installations de radiodiagnostic, impliquant l’utilisation d’un grand nombre de sources de rayonnements ionisants à des fins diagnostiques ou thérapeutiques.
Par ailleurs, grâce à la coopération avec l’AIEA, AMSSNuR a pu développer une expertise pertinente en matière de sûreté et de sécurité nucléaires et radiologiques et de partager son expérience, notamment à travers l’organisation d’une multitude d’ateliers de formation, l’accueil des stagiaires et la réalisation des missions d’expert, des réunions et des missions de conseil.
Le nucléaire s’érige ainsi comme une arme à double tranchant. Elle peut déclencher une apocalypse comme elle peut servir l’humanité, notamment dans les domaines médical et énergétique. La responsabilité d’assurer la sécurité nucléaire incombe donc à tout pays utilisant cette technologie sur son territoire.