Dans un communiqué à l’issue de son conseil d’administration, la BCT a expliqué que cette décision intervient après une évaluation des risques entourant la dynamique de l’inflation et l’équilibre du secteur extérieur au cours de la période à venir.
Cette démarche se traduirait par un relèvement des taux des facilités de dépôt et de prêt marginal à respectivement 6 et à 8 %, explique la même source.
« Par cette action, le Conseil vise à contrer les tensions inflationnistes qui se profilent à l’horizon de prévision, et à éviter une accélération de l’inflation et une accentuation du déséquilibre extérieur », a poursuivi le communiqué.
Par ailleurs, il a été décidé de relever le taux minimum de rémunération de l’épargne de 100 points de base, pour le porter à 6 %.
Du côté des prix à la consommation, le Conseil note la poursuite de l’accélération de l’inflation qui a atteint 7,5% en avril 2022 (en glissement annuel), contre 7,2% le mois précédent et 5% en avril 2021, soit le plus haut niveau enregistré depuis fin 2018.
Cette montée de l’inflation a pour origine l’accélération des prix des produits manufacturés qui ont augmenté de 9,3% en G.A (contre 5,1% un an auparavant) et de ceux des produits alimentaires de 8,7% (contre 4,9% en avril 2021), a-t-il indiqué.
Le Conseil considère que la diffusion des pressions inflationnistes en provenance de l’étranger vers les prix domestiques, d’une part, et les répercussions des ajustements attendus des prix administrés dans le cadre de la réforme du système des subventions, d’autre part, seraient de nature à maintenir l’inflation sur des paliers élevés aussi bien en 2022 qu’en 2023.
Au niveau du secteur extérieur, le Conseil fait état d’un creusement du déficit courant qui s’est élevé à -2,7% du PIB au cours des quatre premiers mois de 2022 contre -1,7%, en 2021, en raison de la détérioration du solde commercial.
Par ailleurs, le niveau des réserves de change s’est établi à 23,65 milliards de dinars (1 euro = 3,2 dt) ou 124 jours d’importations, le 16 mai 2022, contre 23,31 milliards de dinars et 133 jours au terme de l’année 2021.
Le Conseil a exprimé sa forte préoccupation quant aux risques haussiers entourant la trajectoire de l’inflation, soulignant l’importance de la coordination des politiques économiques pour éviter une dérive inflationniste qui pourrait accentuer les vulnérabilités et mettre en difficulté la reprise de l’activité économique.
Le Conseil a insisté sur la nécessité d’entreprendre, dans les plus brefs délais, les réformes structurelles nécessaires permettant de remettre la croissance économique sur une tendance haussière afin d’assurer la stabilité macroéconomique et la viabilité de la dette publique.
La Tunisie fait face à une crise financière sans précédent avec une dette de plus de 100 % du PIB, une forte inflation (plus de 6 %), une croissance faible (autour de 3 %) et un chômage élevé (plus de 18 %).
Le gouvernement tunisien avait demandé un nouveau programme d’aide de 4 milliards de dollars (3,6 milliards d’euros), le troisième en dix ans.
Le FMI a réclamé en contrepartie des réformes « très profondes », notamment une réduction de la masse salariale de la fonction publique (16 % du PIB, 650.000 fonctionnaires) qui absorbe plus de la moitié des dépenses de l’Etat, et de certaines subventions aux produits de base.
Dernièrement, la Banque mondiale a révisé à la baisse ses prévisions de croissance pour la Tunisie en 2022 passant de 3,5% en janvier et à 3% en avril.
Dans son dernier bulletin d’information économique pour la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA) intitulé « Confrontation avec la réalité : prévisions de croissance dans la région Moyen-Orient et Afrique du Nord en période d’incertitude? », l’institution financière a expliqué que cette croissance prévue de 3 % en 2022 est soutenue par une reprise mondiale progressive après la pandémie.
La BM prévoit aussi un taux d’inflation de 6,5% en 2022 et 2023 et un taux de pauvreté de 3,4 % en 2022 et 3,1 % en 2023.
Elle a estimé que les perspectives économiques de la Tunisie restent très incertaines, rappelant que le rebond économique en 2021 a été relativement modéré.
Quant aux préoccupations concernant la viabilité de la dette, elles sont restées aiguës en raison des déficits budgétaires et des besoins de financement élevés.