De retour au pays depuis juin, après près de 10 ans d’absence, M. Gbagbo avait annoncé en août dernier la création d’un nouveau parti politique, laissant celui qu’il avait fondé en 1982, en l’occurrence le Front populaire ivoirien (FPI), aux mains de son ex-Premier ministre Pascal Affi N’Guessan.
Arrêté en avril 2011 puis transféré devant la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes contre l’humanité après les violences liées à la présidentielle de 2010, Laurent Gbagbo avait été définitivement acquitté en mars dernier et est rentré en Côte d’Ivoire le 17 juin dernier.
Dans la nuit de samedi à dimanche, M. Gbagbo a été élu, sans surprise, à la tête du PPA-CI par une acclamation des quelque 1.600 congressistes présents au congrès constitutif du nouveau parti de gauche qui se veut «socialiste, progressiste, panafricaniste et souverainiste».
Le logo du PPA-CI, les doigts des deux mains entrelacées dans une carte de l’Afrique, qui a été officialisé le deuxième jour du congrès renseigne sur la visée panafricaine de ce nouveau parti et de son leader.
« C’est un évènement majeur qui fera sans aucun doute date dans l’histoire politique de la Côte d’Ivoire », a souligné Georges Armand Ouégnin, président du comité d’organisation de l’évènement, évoquant « un nouveau départ » pour M. Gbagbo.
Mais dans son discours, qui était très attendu par les quelque 1.600 congressistes, l’ancien président ivoirien et premier président de son propre parti a entretenu le flou sur son avenir politique.
«A cet âge-ci, après ce parcours, la sagesse, c’est de se préparer à partir. Mais j’ai décidé de ne pas partir brusquement», a-t-il lancé aux sympathisants et militants de son parti, qui pourrait de venir une des principales forces d’opposition, assurant : «je serai toujours avec vous jusqu’à ce que mes yeux se ferment».
L’ambition du premier président du PPA-CI est de partir, mais pas de partir et abandonner ses partisans.
Pour M. Gbagbo, 76 ans, il est inadmissible et «outrecuidant» d’être mêler à un débat sur sa retraite politique avant l’élection présidentielle de 2025. «Je ne laisserai à personne de décider quand je dois partir», a-t-il insisté.
Il a justifié avoir créé le nouveau parti pour qu’il soit «un bon instrument de lutte».
Dans son long discours, M. Gbagbo s’est longuement attardé sur ses années d’incarcération à la Haye (2011-2019) et les poursuites pour crime contre l’humanité, mais il n’a pas parlé de la présidentielle de 2025, laissant planer le suspens sur ses intentions.
Une nouvelle loi relative à la modification des conditions d’éligibilité à la présidence de la République avec limitation de l’âge à 75 ans pourrait être proposée aux deux chambres du parlement ivoirien. Le chef de l’Etat Alassane Ouattara et ses prédécesseurs Laurent Gbagbo et Henri Konan Bédié seraient alors empêchés de concourir.
Des personnalités politiques relevant du parti au pouvoir, le Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP) et de l’opposition ivoirienne ont pris part à la cérémonie d’ouverture du congrès constitutif.
Le RHDP, parti au pouvoir, était représenté à cette occasion par son directeur exécutif, Adama Bictogo.
Prenant la parole au nom du président de la République, Alassane Ouattara, M. Bictogo a affirmé que la Côte d’Ivoire est en passe de tirer définitivement un trait sur son passé douloureux marqué par la crise post-électorale de 2010, rappelant dans ce sens la rencontre du 27 juillet dernier entre les présidents Alassane Ouattara et Laurent Gbagbo au palais présidentiel.
«Ce nouveau parti créé par Laurent Gbagbo viendra renforcer la vitalité démocratique en Côte d’Ivoire. Car au-delà des fortes incompréhensions qu’a vécues ce pays, les hommes ont la clé du renforcement de la cohésion sociale», a-t-il ajouté.