Pourquoi le variant indien est-il dangereux?
Le variant indien a des caractéristiques particulières car il a une double mutation qui permet, d’abord, au virus de rentrer plus facilement dans les cellules infectées et donc de se transmettre plus facilement. Deuxièmement c’est un variant qui échappe de façon un peu plus importante que la souche classique aux anticorps c’est-à-dire à notre système immunitaire qui nous protège.
Sur le plan scientifique, le variant se transmet beaucoup plus rapidement comparativement à la souche classique sauvage, et ce avec une capacité de transmissibilité de 28% supplémentaire. Il n’a pas été comparé au variant anglais mais par rapport à la souche sauvage classique.
Nous n’avons pas de données scientifiques qui montrent qu’il est plus dangereux ou plus grave ou il entraîne plus de complications et plus de cas critiques nécessitant la réanimation.
Si le variant a un impact aussi important en Inde, ce n’est pas uniquement à cause de sa transmissibilité ou sa dangerosité mais à cause de toutes les conditions favorables à sa transmission qui étaient réunies, notamment les grands rassemblements populaires pour des raisons politiques, sociales, culturelles et religieuses.
Outre que le système de santé indien n’est pas suffisamment réactif et résilient et il n’a pas suffisamment de capacité de prise en charge des flux de patients avoisinant les 400.000 nouveaux patients par jour.
Donc compte tenu des caractéristiques et de la transmissibilité, il n’est pas dit aujourd’hui que ce variant est plus dangereux et plus grave. La seule chose qu’il faut tester c’est est-ce que les éléments du diagnostic vont permettre de le diagnostiquer à partir des tests classiques (PCR) qui permettent aujourd’hui de détecter la souche classique?
Et est-ce que les thérapeutiques actuelles répondent à ce variant ? il semble que oui, avec les traitements actuels on peut également traiter le variant indien, alors que la dernière question qui vaudra se poser c’est est-ce que les vaccins disponibles permettent de lutter contre ce variant? Les études sont en cours.
Y aura-t-il un impact sur le rythme de vaccination dans le monde et au Maroc?
Bien évidemment. Nous savons que les vaccinations disponibles particulièrement dans le contexte marocain (Sinopharm ou AstraZeneca ) ont un niveau d’efficacité et d’efficience assez élevé entre 70% et 80% selon le schéma et les populations.
Par ailleurs, selon les premières données, le variant sud-africain, brésilien ou indien semblent encore une fois donner des résultats moins forts que par rapport au variant britannique ou variants classiques mais cela reste à démontrer.
S’agissant du contexte marocain, le principal virus en circulation au Maroc est la souche classique sauvage et puis de plus en plus nous aurons probablement le variant britannique, alors que le variant indien est pour l’instant extrêmement limité. A présent nous avons deux cas mais il faut rester extrêmement prudent et vigilant.
Donc la stratégie vaccinale doit continuer parce que nous avons vacciné plus de 5 millions de personnes pour la 1ère dose et plus de 4 millions pour la 2ème dose sur les 25 millions de personnes.
Nous sommes sur le bon chemin et sur la bonne voie et nous devons garder la surveillance épidémiologique pour éviter qu’il n’y ait un impact sur la stratégie vaccinale.
Quelles sont les mesures à prendre pour éviter un rebond épidémique ?
Les meilleures mesures à prendre sont claires pendant que nous continuons la stratégie vaccinale, il évident qu’avant d’atteindre l’immunité collective qui doit être de 60 à 80% de la population cible, il faut maintenir de façon importante les mesures barrières à savoir le port du masque, la distanciation physique (1,5 à 2 m), le lavage régulier des mains, ces éléments sont très importants car cela aidera à arriver plus rapidement à l’immunité collective acquise pour que nous puissions dans les prochains mois permettre à un retour à la vie normale surtout sur le plan social et économique.
Cette pandémie a créé une crise sanitaire sans précédent mais également une crise sociale et économique.