Cinq grands journaux dont, en France, Le Monde ont commencé à divulguer une partie des quelque 251.000 télégrammes diplomatiques que leur a communiqués WikiLeaks. Certains évoquent des dirigeants étrangers en des termes peu flatteurs. Nicolas Sarkozy y est qualifié, entre autres, de président "susceptible" avec un "style personnel". Le président français est présenté en outre comme le chef d’État français "le plus pro-américain depuis la Seconde Guerre mondiale".
"On ne réagira pas sur WikiLeaks", fait-on savoir dans l’entourage de Nicolas Sarkozy. Le ministère des Affaires étrangères, qui déplore une attitude "irresponsable" de WikiLeaks, a précisé que les États-Unis avaient prévenu la France de cette publication à venir. La secrétaire d’État américaine Hillary Clinton s’est entretenue au téléphone avec Michèle Alliot-Marie à ce sujet vendredi, a-t-il précisé lors d’un point de presse électronique.
Données confidentielles et personnelles
"Nous avons indiqué à nos interlocuteurs notre disposition à travailler ensemble sur les conséquences" de cette divulgation, qui jette une lumière crue sur les coulisses de la diplomatie américaine, a ajouté le porte-parole du Quai d’Orsay. Dans l’un des documents, le conseiller diplomatique de l’Élysée, Jean-David Levitte, estime que l’Iran est un État "fasciste" et qualifie le président vénézuélien Hugo Chavez de "fou" qui transforme son pays en nouveau Zimbabwe. "Nous ne confirmons aucun des propos attribués à des autorités et des diplomates français dans ces documents", a dit le porte-parole du ministère des Affaires étrangères.
Auparavant, le porte-parole du gouvernement, François Baroin, avait expliqué que la France était "très solidaire" des États-Unis dans cette affaire. "Nous sommes évidemment préoccupés par la diffusion d’informations de nature confidentielle. La protection des États, c’est quelque chose de sérieux", a-t-il dit sur Europe 1. "Nous sommes très solidaires de l’administration américaine sur la volonté d’éviter ce qui non seulement porte atteinte à l’autorité des États (…) mais met en danger des hommes et des femmes qui travaillent à la sécurité de leur pays", a-t-il dit.
Selon Le Monde, certaines directives adressées aux ambassades des États-Unis montrent qu’il est demandé aux diplomates américains de se procurer les données personnelles, voire l’ADN de divers diplomates et dignitaires étrangers, dirigeants de l’ONU ou militants d’ONG, à des fins de renseignement.