La psychose anti-caucasienne s’installe à Moscou
Après les attentats de lundi 29 mars dans le métro, et alors que des attaques ne cessent de se produire au Daguestan, les Russes se méfient de celles et ceux qui ont le type caucasien
Une curieuse atmosphère règne notamment dans le métro de la capitale. Le patriarche est intervenu après plusieurs incidents, en particulier le cas de deux femmes portant des foulards sur la tête éjectées d’une rame par des passagers. Sans aucune raison évidente autre que la peur des femmes du Caucase assimilées aux deux kamikazes.
« Pour le moment, parmi mes amis et parents, nous n’avons pas vu de recrudescence de malveillances à notre égard. Mais nous vivons toujours dans une certaine crainte », témoigne Nino, une jeune Géorgienne qui fait des ménages à Moscou. Une incertitude d’autant plus forte que certains, parmi les autorités, ont évoqué « une piste géorgienne » derrière les attentats.
Craintes d’un regain de violences
Dans la large communauté des Russes originaires de Géorgie et plus largement du Caucase (incluant les républiques russes : Tchétchénie, Daguestan, Ingouchie), d’aucuns craignent une poussée de racisme. En particulier de la part des policiers, déjà régulièrement accusés de faire des contrôles « au faciès » contre les Caucasiens, facilement repérables par leur peau plus foncée, leurs cheveux et sourcils bruns très denses.
Par précaution, Nino a par exemple depuis longtemps coloré ses cheveux en blond. Et lundi, son mari est venu la chercher en voiture après sa journée de travail « pour éviter tout risque ».
Les contrôles de sécurité ont en effet été considérablement renforcés dans le métro moscovite, dense réseau qu’empruntent entre sept et neuf millions de passagers en moyenne les jours ouvrables. Déjà très présents, les policiers le sont devenus plus encore, à l’extérieur des stations comme dans le réseau souterrain.
Détecteurs d’explosifs et fouilles à l’entrée
Fait nouveau : la plupart d’entre eux portent des mini-détecteurs d’explosifs pour fouiller des personnes suspectes à l’entrée. Certains experts appellent à intensifier la présence de chiens renifleurs d’explosifs.
Si les habituelles foules bigarrées de passagers se pressent toujours sur les quais et dans les wagons, le métro semble moins surchargé. De nombreux Moscovites ont, au moins temporairement, décidé de ne plus se déplacer en transports communs.
« Le métro est une bonne solution pour ne pas tomber dans les énormes embouteillages paralysant régulièrement Moscou. Mais, aujourd’hui, je n’hésite plus : je préfère être coincée dans la rue que de prendre le risque dans le métro », assure Olga, 40 ans, Moscovite parmi d’autres. « La nuit après les deux attentats, je n’ai pas pu dormir. Ce sentiment de peur et d’incertitude nous pèse », raconte Inna, 34 ans. « Mais je suis bien obligée de prendre le métro tous les jours pour aller au travail… »