Outre ses bienfaits avérés sur l’écosystème, l’économie verte, amie de l’environnement, a fait également ses preuves en tant que pourvoyeur d’emplois et de locomotive de la relance économique dans le monde.
Selon plusieurs rapports, dont ceux des organes spécialisés de l’ONU, les potentiels de l’économie verte en matière de création d’emplois sont d’autant énormes que des millions de postes de travail pourraient être créés dans les années à venir si les gouvernements y mettent la volonté et les investissements nécessaires.
Un récent rapport commandité par le gouvernement britannique estime que le marché mondial des produits et services environnementaux devrait passer de près de 1.500 milliards de dollars par an à l’heure actuelle à 2.740 milliards d’ici 2020. La moitié de ce marché concernera l’efficacité énergétique et l’autre les transports durables, l’alimentation en eau, l’assainissement et la gestion des déchets.
Déterminé à tirer profit de cette nouvelle manne, le gouvernement britannique s’est engagé, au lendemain de sa formation en mai 2010, à mettre tout son poids derrière les projets verts, qui requièrent une clairvoyance infaillible et des investissements colossaux se chiffrant à quelque 450 milliards de livres Sterling pour les infrastructures et les mesures environnementales, d’ici à 2025.
L’inauguration en septembre 2010 au large du Kent, dans le sud-est de l’Angleterre, du plus grand parc éolien au monde, qui comprendra à terme 341 turbines, s’inscrit dans cette perspective.
La Grande-Bretagne compte environ 250 parcs éoliens, dont une douzaine off-shore, soit près de 3.000 turbines au total qui produisent plus que la consommation électrique de l’Ecosse.
C’est aussi dans ce cadre que le gouvernement conservateur-libéral démocrate, dirigé par David Cameron, a décidé la création d’une banque verte, la Green Investment Bank (GIB), qui commencera ses opérations dès avril 2012 avec une capacité de financement de 3.000 milliards de livres destinés aux projets portant sur l’infrastructure verte.
Si les estimations se réalisent, d’ici à 2015, la banque des investissements verts aura injecté près de 15 milliards de livres dans l’économie britannique, a affirmé récemment le vice-Premier ministre libéral démocrate, Nick Clegg.
"Conformément à son annonce de mai, le gouvernement s’engage à introduire des lois à même de donner une plus grande confiance au secteur privé en faisant de la GIB une institution forte et à caractère durable avec un grand potentiel de financement", indique Andrew Raingold, directeur du groupe Aldersgate, l’un des éminents acteurs dans le domaine de l’économie durable.
La tâche de la banque ne s’annonce cependant pas facile. La GIB aura trois défis majeurs à relever: réduire le risque des investissements à faible émission en carbone, regrouper et sécuriser les investissements à petite échelle, notamment ceux opérant dans l’amélioration de l’utilisation rationnelle de l’énergie, et stimuler la relance économique.
La banque sera ainsi appelée à servir de trait d’union entre les porteurs des projets viables et les bailleurs de fonds afin de réduire autant que possible les risques qui entourent ce secteur naissant. La garantie de sa réussite est tributaire également de sa capacité de se libérer de la tutelle gouvernementale pour pouvoir octroyer elle-même des prêts et ainsi augmenter sa côte de confiance auprès des investisseurs.
La Green Investment Bank sera sans doute la première banque au monde dédiée uniquement à l’économie verte. Ce qui atteste de la volonté du Royaume-Uni de multiplier les possibilités de faire face au challenge du changement climatique, et de se transformer en une économie à faible émission en carbone. Encore faut-il qu’elle n’éparpille pas son capital et sa concentration sur les multiples créneaux de l’économie verte.