Voici le texte intégral du message royal, dont lecture a été donnée par M. Abdelhak Lamrini, historiographe du Royaume.
Louange à Dieu, Paix et salut sur le Prophète, Sa Famille et Ses Compagnons.
Mesdames et Messieurs,.
C’est pour nous un motif de joie et de fierté que le Maroc abrite la 45ème session du Congrès de l’Union des Universités arabes, qui se tient sous Notre Haut Patronage au sein de l’Université Sidi Mohammed ben Abdellah à Fès.
Votre conférence revêt une importance particulière, d’autant plus qu’elle se réunit à Fès, la capitale spirituelle et scientifique du Royaume. Cette cité ancestrale a connu la fondation de la plus ancienne université du monde, l’Université Al Qaraouiyine. Depuis dix siècles, cette prestigieuse institution demeure un haut lieu de rayonnement intellectuel et culturel, un point de rencontre, de coexistence et d’interaction entre les cultures et les civilisations, et aussi un lieu de convergence et de synergie scientifique et cognitive entre le Machreq et le Maghreb.
Nous saluons la périodicité régulière de cet important forum qui offre un espace et un mécanisme de concertation et de discussion sur les différentes questions et problématiques liées aux universités arabes, surtout dans cette phase historique, empreinte de mutations profondes et rapides, que traverse le monde arabe.
L’avenir des universités arabes dans le contexte des changements dans le monde arabe : ce thème que vous avez choisi traduit assurément une prise de conscience croissante de la nécessité pour les universités arabes d’assumer un rôle central dans le processus de développement. Il leur appartient, à ce titre, d’apporter leur contribution à la formation et à la mise à niveau de la jeunesse arabe, afin de relever les multiples défis qui se posent à nos pays, dans l’intérêt bien compris des peuples frères de notre Nation.
Comme vous le savez, le progrès des nations et des peuples se mesure de nos jours à l’aune de l’efficacité de leurs systèmes d’enseignement supérieur et de recherche scientifique. Il est jugé en fonction du rayonnement de leurs universités, institutions scientifiques et autres centres du savoir.
Toutefois, la situation des universités arabes et la place qu’elles occupent dans le classement international des universités, pour ce qui est de la recherche scientifique, de la formation de cadres hautement qualifiés et pour ce qui concerne les distinctions académiques dans les domaines de l’innovation et de la technologie, se trouvent malheureusement en bas de l’échelle, suite à une conjonction de facteurs et d’écueils, tant subjectifs qu’objectifs.
Aujourd’hui et alors que le monde aspire à une globalisation plurielle, plus humaine, plus équitable, il appartient aux universités arabes de conforter et consacrer les valeurs et les principes de démocratie, de bonne gouvernance et de participation positive et rationnelle, ainsi que la pensée critique éclairée, la liberté d’expression et d’initiative, la promotion de la recherche, de l’innovation et de l’émulation. Elles se doivent de raffermir l’ancrage de ces idéaux et de s’ouvrir sur leur environnement économique et social.
C’est la voie et le gage de leur insertion positive dans la dynamique des changements arabes et des mutations mondiales.
C’est pourquoi nous n’avons cessé d’œuvrer pour placer l’université marocaine au cœur de notre modèle de développement démocratique. Nous avons donc à cœur de réformer, moderniser et rehausser la qualité de l’université, afin qu’elle soit un acteur fondamental dans la préparation des élites capables et dévouées au service de leur pays. Cette université est appelée à être une source d’inspiration et d’incubation de la pensée éclairée, une force de proposition constructive pour l’adoption de stratégies judicieuses et une partie prenante dans l’élaboration des grandes orientations des politiques publiques. Elle devrait favoriser l’insertion dans la société du savoir et de la communication, et participer à la préservation de notre identité et de notre civilisation.
Quoique fasse tout pays arabe pour la promotion de ses universités, ses efforts resteront tributaires de la densité de la coopération universitaire internationale, en général, et inter-universitaire arabe, en particulier.
C’est pourquoi Nous appelons à la mutualisation des efforts des universités arabes, au développement de leurs performances, et à la consolidation de leur indépendance. Nous souhaitons que leurs potentialités soient déployées et exploitées de façon optimale. Nous appelons, par ailleurs, à la mise en place de mécanismes permettant d’assurer la coordination, la complémentarité et la synergie entre elles, notamment en portant les échanges d’enseignants et d’étudiants à un niveau plus élevé et en ouvrant de plus vastes perspectives de coopération entre toutes les composantes de ces université. Car il s’agit de les doter de la capacité de relever les défis présents et à venir, et d’assurer la qualification et la mise à niveau de la jeunesse arabe, qui est le véritable capital de nos pays frères.
Nous vous engageons également à œuvrer sans cesse à la réalisation des objectifs de l’Union des Universités Arabes, notamment en ce qui concerne l’incitation à la création de centres de recherches, l’appui aux recherches académiques conjointes et l’échange des résultats y afférents, ainsi que la promotion de la recherche appliquée dont il convient de connecter les thématiques avec les plans de développement économique, social et culturel. S’ajoutent à cela le renforcement de la coopération entre les universités arabes et la coordination des efforts qu’elles déploient entre elles, et en relation avec les universités et autres institutions régionales et internationales concernées notamment, ce qui permet d’être en phase avec les nouveautés de l’heure et au fait des techniques didactiques et méthodologies d’enseignement modernes.
Mesdames, messieurs,
Si le rôle des universités est essentiel dans le secteur académique, il n’en est pas moins important dans le domaine de la recherche scientifique, que Nous estimons être le meilleur gage pour l’avenir des générations futures. En effet, le savoir et la recherche scientifique sont le moyen indiqué pour permettre à l’individu arabe de remplir le rôle de premier plan qui lui incombe dans le progrès de son pays et le développement de ses richesses, et d’apporter une contribution digne de lui à l’édification de la civilisation humaine.
A cet égard, il convient d’œuvrer à la création de pôles scientifiques arabes et de réseaux pour la recherche scientifique rassemblant les différentes universités arabes, à l’instar de leurs homologues qui opèrent dans les pays avancés. Il importe également d’être attentif aux créneaux de l’excellence, de l’innovation et de la créativité en général, d’encourager les personnes douées dans les différentes spécialités et les diverses branches du savoir et de leur ouvrir les portes de l’avenir.
Pour que les universités arabes puissent s’acquitter pleinement de leur rôle, elles doivent impérativement collaborer à la réduction de l’écart existant entre les pays du monde arabe et les nations avancées en matière de nouvelles technologies et d’accompagner les innovations dans ce domaine. Cela nécessite que ces établissements soient dotés de cadres supérieurs et d’éminentes compétences et pourvus du dispositif scientifique et académique nécessaire et des ressources financières requises.
Si les différents pays arabes consentent effectivement d’importants efforts pour financer leurs universités respectives, ce financement doit néanmoins s’opérer dans le cadre d’arrangements contractuels et de partenariats bien définis et répondre aux impératifs d’une bonne gouvernance, permettant de s’astreindre aux objectifs tracés.
Parallèlement, les universités arabes se doivent de développer leurs capacités d’autofinancement en s’employant à obtenir des ressources et des moyens qui leur soient propres, notamment à travers les services qu’elles assurent aux secteurs public et privé.
Il importe également de mutualiser les efforts et d’assurer la coordination entre l’enseignement supérieur public et l’enseignement supérieur privé, de manière à hisser les programmes et la formation au niveau de qualité escompté. C’est ainsi que l’université pourra jouer le rôle qui est le sien dans la réalisation des objectifs de développement, et ce, en accord avec les principes d’équité, d’égalité des chances, de mérite et de justice sociale, et dans le respect des normes et des critères internationalement reconnus.
Mesdames, messieurs,
Nous sommes persuadé que le débat scientifique et académique qui aura lieu au cours de cette importante conférence, sera aussi constructif que seront judicieuses les opinions qui y seront exprimées. Les propositions qui en émaneront seront éminemment pertinentes, eu égard à la compétence notoirement connue des participants qui ont à cœur le devenir des universités arabes. Ce sont autant de facteurs qui vont contribuer à dégager des réponses innovantes aux différentes questions et problématiques y afférentes et aider ces établissements à améliorer leur rendement en matière d’enseignement supérieur, de formation et de recherche scientifique. Ils pourront ainsi s’ériger en haut lieu du savoir et de la connaissance et devenir un pilier pour la consolidation de la construction démocratique et une force motrice pour le développement économique, social et culturel, la formation des ressources humaines qualifiées et pour l’insertion dans la société mondiale de la connaissance et de la nouvelle économie.
Nous vous souhaitons la bienvenue dans votre deuxième pays, le Maroc, ainsi qu’un agréable séjour parmi nous, et implorons le Très-Haut d’accorder plein succès à vos travaux. Wassalamou alaikoum warahmatollahi wabarakatouh".