Alors que le dépouillement se poursuivait, Macky Sall a affirmé sur des radios privées avoir obtenu la majorité dans la capitale Dakar et dans plusieurs grandes villes de l’intérieur du pays, mais assuré que ni lui ni le président sortant Abdoulaye Wade n’avaient obtenu la majorité dès le premier tour.
"Les entendre parler de victoire dès le premier tour est inadmissible", a déploré M. Sall évoquant ses adversaires sur la radio RFM dans la nuit de dimanche à lundi. Il a accusé les responsables du parti de vouloir concocter des résultats imaginaires.
Amadou Sall, porte-parole de la campagne du président Wade, avait jugé dans la nuit qu’il était trop tô t pour tirer des conclusions, seuls 5% des bulletins ayant été dépouillés.
Dans un entretien accordé avant le scrutin à l’hebdomadaire français "Le Journal du Dimanche", Abdoulaye Wade avait confié sa popularité était "si écrasante" qu’il pensait "être élu avec un fort pourcentage dès le premier tour". Beaucoup d’observateurs pensent que s’il ne l’emporte pas au premier tour, profitant d’une opposition divisée entre 13 candidats, il aura moins de chances d’être réélu au second tour, qui aurait lieu le 18 mars, face à une opposition unie derrière un candidat.
Près de cinq millions de Sénégalais étaient appelés à voter dimanche, dans un climat de tensions, l’opposition dénonçant la candidature controversée d’Abdoulaye Wade, qui, à 85 ans, brigue un troisième mandat. Le président sortant avait lui-même fait modifier la Constitution en 2001 pour limiter à deux le nombre de mandats présidentiels, mais il juge que cette limite ne s’applique pas à son cas personnel, puisqu’il a été élu avant la révision constitutionnelle.
Le Conseil constitutionnel, dont les juges sont nommés par le président, s’est rangé à cet argument en validant sa candidature. Abdoulaye Wade avait par ailleurs initialement réduit la durée du mandat à cinq ans puis l’a ramenée à sept ans en 2008.