Il a évoqué un maintien du colonel Mouammar Kadhafi dans le pays "dans une autre pièce de son palais, avec un autre titre".
Au terme de quatre mois de frappes en Libye en vertu d’une résolution de l’Onu visant à protéger les civils libyens, l’heure d’un règlement politique est venue, a estimé le ministre français.
"Nous avons arrêté la main qui avait frappé et nous leur demandons de parler entre eux", a-t-il déclaré sur BFM-TV. "Il va falloir se mettre maintenant autour d’une table."
"On s’arrête de bombarder dès que les Libyens parlent entre eux et que les militaires de tous bords rentrent dans leur caserne, et ils peuvent parler entre eux puisqu’on apporte la démonstration qu’il n’y pas de solution de force", a souligné le ministre.
"Même si Kadhafi n’est pas parti ?", lui a demandé un journaliste.
"Il sera dans une autre pièce de son palais avec un autre titre", a répondu Gérard Longuet.
Le ministre a aussi rappelé que "l’ordre n’est pas de tuer Kadhafi, il est de protéger des populations et de permettre à ces populations de s’exprimer".
"Et que disent-elles, pour celles qui parlent librement ? Que Kadhafi doit s’en aller", a-t-il ajouté.
Le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) a lancé un mandat d’arrêt contre Mouammar Kadhafi pour l’assassinat d’opposants et le recours à une violence systématique contre les populations civiles.
PAS DE STATU QUO
Le Parlement français doit se prononcer mardi sur la poursuite de la participation de la France à la coûteuse action armée entamée il y a quatre mois sous l’égide de l’Otan pour protéger les civils des forces de Kadhafi, en vertu de la résolution 1973 des Nations unies.
Le ministre français a repoussé toute idée d’enlisement allié en Libye.
"Il n’y pas de statu quo du tout car le fait pour les opposants d’être protégés leur permet de s’organiser, et on voit bien que la situation évolue", a souligné le ministre. "Ce que je sais, c’est que les gens qui s’opposent à Kadhafi ne sont plus menacés de mort."
Gérard Longuet a reconnu que la France avait largué des armes aux populations au nom de la légitime défense.
"La France a assuré une prestation de service, c’est-à-dire un transport aérien d’armes individuelles de type autodéfense pour les populations (…) c’est-à-dire la possibilité de ne pas se faire égorger", a-t-il expliqué.
Alors que des voix s’élèvent pour critiquer l’opération en Libye, notamment en termes de coûts et de contraintes techniques, Gérard Longuet a estimé que la France avait les moyens de la poursuivre.
"Dans les capacités que la France se reconnaÂŒt, il y a la projection de 20.000 hommes d’une façon durable à l’extérieur, et nous en sommes heureusement loin", a-t-il expliqué.
Hors usure du matériel, l’opération en Libye a coûté pour l’instant selon lui 27 millions d’euros en salaires et près de 70 millions d’euros en munitions, soit "pas loin de 100 millions, ce qui représente 15% du budget annuel des opérations extérieures".
"Nous sommes dans une enveloppe prévue", a-t-il ajouté.
Le ministre a reconnu que le porte-avions Charles-de-Gaulle, d’où partent une partie des appareils envoyés dans le ciel libyen, devrait faire une pause.