Rompant avec les idées reçues et à l’encontre du consensus historique, Charles-André Julien (1891/1991) cherche les racines du mouvement de la résistance qui a débuté au XVe siècle avec l’installation des Portugais, lit-on dans la quatrième de couverture.
Du Maroc de Lyautey au rétablissement de la souveraineté marocaine et de l’unité territoriale, l’auteur acteur autant que témoin, réalise un véritable tour de force avec cet ouvrage où l’on voit se forger la personnalité de Si Mohammed, futur Mohammed V, symbole et artisan de la résistance nationale, poursuit-on.
Dans l’avant-propos l’auteur donne le ton et un avant-goût aux lecteurs assidus et férus de livres d’histoire: "Je n’avais pu écrire ce livre si je n’avais eu une longue pratique des questions nord-africaines. Depuis 1906, où je débarquais à Oran, à l’âge de quinze ans, j’ai parcouru le Maghreb et fondé ma connaissance de son histoire non seulement sur des documents mais sur de longs contacts avec le pays et les hommes".
"Au total, ce livre porte surtout sur les réactions du Maroc contre les puissances étrangères qui tâchèrent à l’asservir par des pressions économiques, militaires ou administratives", rappelle-t-il.
"Comme mes jugements vont parfois à l’encontre du consensus historique, j’ai donné la plus large part aux points de vue contraires, notamment par des citations empruntées à la presse locale généralement inspirée par un colonialisme intransigeant", relève-t-il.
En 1977, Charles-André Julien avait formulé le souhait que "cet ouvrage ne soit pas accueilli par des adhésions ou des condamnations de principe, mais qu’il provoquât des prises de positions sur le fond du débat".
Edité par les éditions du Jaguar, filiale du groupe Jeune Afrique, l’ouvrage est abondamment illustré de photographies (noir et blanc) et de cartographies.
Il se décline en 13 chapitres traitant des "Impérialismes et résistances" et "L’affrontement des impérialismes", en passant par "L’étranglement financier du Sultan" et "Lyautey ou la fiction du protectorat".
Il s’agit également de "La genèse du nationalisme", "La poussée nationaliste et les affrontements (1930/1942)", "Proconsul, Pacha et chérif", "Le complot de la camarilla" et "Le coup de force contre le sultan".
Les derniers chapitres s’attardent sur "Moulay Ben Arafa ou la duperie chérifienne", "La dégradation du protectorat", "Terrorisme et contre-terrorisme", "L’agonie du protectorat" et "Mohammed V, roi du Maroc".
Charles-André Julien compte à son actif plusieurs ouvrages, dont "Histoire de l’Afrique du Nord (Tunisie-Algérie-Maroc)" (Payot, 1931, 1951, 1953 et 1978), "Histoire de l’Afrique" (PUF, 1941), "Histoire de l’Afrique blanche" (PUF, 1966), "L’Afrique du Nord en marche, Nationalismes musulmans et souveraineté française" (R. Julliard, 1957 et 4ed 1972).
Né le 2 septembre 1891 à Caen, issu de deux familles huguenotes de l’Albigeois, il débarque en Algérie à 15 ans. Il a passé trente ans d’enseignement secondaire, puis 16 ans d’enseignement supérieur à l’Ecole nationale de la France d’Outre-Mer, à l’Institut d’Etudes politiques, à l’Ecole Nationale d’Administration, et à la Sorbonne où il devient titulaire de la chaire d’histoire de la colonisation.
Fondateur et doyen de la faculté des Lettres de Rabat (1957/1961), secrétaire général de la revue historique (1926-1936), il fut aussi secrétaire général du Haut comité Méditerranéen et de l’Afrique du Nord à la présidence du conseil (1936-1939).
Conseiller de l’Union française (1947-1958), directeur de la collection "Pays d’Outre-Mer" aux Presses Universitaires de France, il fut également initiateur et co-directeur de la collection " Les Africains " publiée par les Editions Jeune Afrique.