Les efforts du Maroc pour canaliser les transferts par des canaux officiels ont été fructueux, selon la Banque mondiale. Ces transferts constituent une source de devises cruciale et relativement stable, et sont devenus essentiels au maintien de l’équilibre de la balance de paiements marocaine, estime Dilip Ratha, chef de l’unité Migrations et Envois de Fonds à la Banque mondiale, pour qui ces transferts ‘’de par leur ampleur et du fait qu’ils sont en devises étrangères et vont directement aux ménages, ont un impact significatif sur la réduction de la pauvreté, le financement du logement, de l’éducation, et d’autres besoins essentiels, et même sur les investissements et la création d’entreprises’’.
En 2006, les transferts officiels des émigrés marocains représentaient 6,4 pour cent du produit national brut (PNB), 22 pour cent de la valeur totale des importations et six fois l’aide au développement accordée au Maroc. Ils dépassent également la valeur des investissements étrangers qui sont aussi beaucoup plus instables.
Quant aux fonds envoyés par les migrants à leurs proches en Afrique subsaharienne, ils atteindront 21,5 milliards de dollars cette année. Les données indiquent que les envois de fonds en direction de l’Afrique ont chuté d’environ 4% entre 2008 et 2009 ; c’est la première fois qu’il y a une baisse d’une année à l’autre depuis 1995.
‘’Selon nos estimations, la reprise se poursuivra au cours des deux prochaines années et les envois de fonds vers l’Afrique subsaharienne devraient atteindre environ 24 milliards de dollars d’ici 2012, a indiqué Ratha en rappelant que les chiffres sur lesquels se base le rapport ne tiennent pas compte des canaux informels utilisés par des millions de migrants. Ces chiffres sont donc en-deçà des montants réels.
Dans l’ensemble, les envois de fonds à travers le monde devraient atteindre 440 milliards de dollars d’ici fin 2010, en hausse par rapport au niveau de 2009 (416 milliards). Environ les trois quarts de ces fonds, soit 325 milliards, iront aux pays en voie de développement. La Banque mondiale estime par ailleurs que les flux vers les pays en développement devraient encore augmenter au cours des deux prochaines années et franchir la barre de 370 milliards de dollars d’ici 2012.
Pour Dilip Ratha, il est essentiel de faciliter les envois de fonds et de les rendre moins coûteux. Or à l’heure actuelle, les frais d’envoi vers le continent africain s’élèvent en moyenne à 10% du montant, ce qui constitue le taux le plus élevé d’une région à l’autre du globe. Envoyer de l’argent coûte encore plus cher d’un pays à l’autre au sein du continent.