Portugal: inauguration des bains islamiques et du manoir de Loulé
Cet évènement s’est déroulé notamment en présence du ministre portugais des Affaires étrangères João Gomes Cravinho, du ministre portugais de la culture, Pedro Adão e Silva, du maire de Loulé, Vítor Aleixo, et de l’ambassadeur du Maroc à Lisbonne, Othmane Bahnini, ainsi que de plusieurs responsables universitaires marocains. Le bâtiment des Bains islamiques, premier du genre à être documenté archéologiquement au Portugal, est divisé en plusieurs espaces distincts, ayant une superficie d’environ 120 m2, avec trois nefs parallèles de plan rectangulaire.
L’édifice a subi diverses réparations au cours de son occupation jusqu’au XIVe ou au début du XVe siècle, comme en témoignent le remplacement partiel du sol et la superposition de divers types de mortier.
Après avoir été abandonnés en tant que bâtiment public, les thermes sont devenus une décharge jusqu’au XVe siècle, lorsque l’espace a été occupé par la famille Barreto (seigneurs du domaine de Quarteira) qui a construit son manoir sur les ruines du hammam.
L’espace a subi d’importantes modifications.
Durant les années 40 et 50 du XXe siècle, les espaces ont été divisés et utilisés pour des usages divers, le dernier comme entrepôt, jusqu’à ce que le bâtiment soit acquis par la mairie de Loulé en 2006.
L’espace a été la cible de travaux archéologiques entre 2006 et 2019, toujours dans le but de conserver les vestiges déjà identifiés.
Depuis mars 2020, cet espace est en chantier pour la muséalisation du complexe archéologique qui intégrera le musée municipal, accrédité par le réseau des musées portugais, le futur quartier culturel, dont le projet architectural porte la signature de l’architecte Vitor Mestre.
Dans une allocution lors de la cérémonie d’inauguration, M. Bahnini a indiqué que ces bains, appelés à être proclamés bientôt monument national, témoignent de la présence au Portugal de la dynastie des Almohades, ayant régné au Maroc aux 12ème et 13ème siècles, et dont l’influence s’étendait de l’Afrique du nord jusqu’aux confins sahariens.
« A travers l’inauguration de ces bains, nous célébrons encore une fois, aujourd’hui, une riche épopée de notre histoire commune, de ce qui nous a uni par le passé, et qui constitue le socle historique sur lequel repose les relations entre le Maroc et le Portugal », a ajouté l’ambassadeur.
Dans ce sens, le diplomate marocain a relevé que « la valorisation de cet héritage commun montre combien nos deux pays ont su depuis longtemps avec intelligence, sagesse et clairvoyance transcender les vicissitudes de l’histoire pour en faire un magnifique et riche héritage civilisationnel, au service d’une relation exemplaire à tout égard », faisant noter que « la profondeur et la richesse de notre patrimoine civilisationnel commun est le fruit de plusieurs siècles d’échanges et d’interaction entre le Portugal et le Maroc ».
« Si les traces du passage au Portugal des dynasties marocaines Almoravides et Almohades est perceptible, comme en témoigne ce vestige des Bains de Loulé, le littoral atlantique marocain de Tanger à Dakhla est riche en patrimoine portugais dont le plus célèbre et unique dans le monde est la Citerne d’eau de Mazagan, actuellement El Jadida, a rappelé M. Bahnini, précisant que le patrimoine portugais est « fortement influencé par la présence des arabes – particulièrement nord- africaine portée par les dynasties marocaines ».
« Dans un monde contemporain en pleine mutation marqué par l’instabilité, la montée des crispations et la résurgence de vieux démons de l’ignorance et de la haine, des pays comme le Maroc et le Portugal, qui ont un riche passé commun, constituent l’exemple d’une voie singulière », a conclu l’ambassadeur.
D’autres témoignages, notamment ceux du ministre portugais des Affaires étrangères et de la culture et le maire de Loulé ont souligné l’importance de sauvegarder la mémoire commune à travers la préservation des monuments historiques qui témoignent de la profondeur des relations ayant lié les deux pays à travers les siècles. Les responsables portugais se sont également félicités de l’excellence des relations de coopération, de voisinage et d’amitié qui unissent leur pays au Maroc.