Portugal: des dossiers épineux au menu de la rentrée politique
En flammes pendant cet été, le Portugal inaugure une rentrée politique chaude, sans pour autant reproduire le scénario de l’année dernière, qui a été marquée par la dissolution du parlement ayant conduit le Parti socialiste (PS), avec une majorité absolue, à la tête de l’Exécutif . Selon les experts, les tractations intenses entre le parti au pouvoir et ceux de l’opposition, à leur tête le parti social-démocrate (PSD), tendent à se raviver.
Au menu des débats, la crise des carburants, la hausse continue de l’inflation et le conflit entre la Russie et l’Ukraine, qui a entrainé l’envolée des prix des factures énergétiques. En réponse aux revendications politiques et syndicales, le gouvernement portugais a accéléré l’annonce d’un paquet de mesures de 2,4 milliards d’euros, pour amortir l’impact de la situation économique sur les familles et les entreprises.
Cette enveloppe s’ajoute à 1,6 milliard d’euros déjà budgétisés pour atténuer l’inflation et la crise énergétique. Le gouvernement prévoit notamment le versement d’un chèque de 125 euros par personne pour tous les Portugais gagnant moins de 2.700 euros brut par mois, majoré de 50 euros pour chaque enfant/jeune âgé moins de 24 ans, alors que les retraités toucheront un supplément équivalent à la moitié de leur pension mensuelle à partir d’octobre.
Le Premier ministre portugais soumettra, en outre, au conseil d’État une proposition de réduction de la TVA sur l’électricité, de 13 à 6%, a-t-il annoncé récemment, rassurant que ces mesures supplémentaires, qui impacteront certainement les recettes de l’État, ne mettront tout de même pas l’économie, en l’occurrence le budget et le déficit, en danger.
Par ailleurs, l’opposition s’est montrée critique face à ces mesures, qui ne semblent également pas convaincre le réseau européen de lutte contre la pauvreté, ayant appelé à activer la stratégie nationale dédiée à ce sujet.
A ces tensions, s’ajoute une autre polémique tout aussi tenace: La démission de la ministre portugaise de la Santé Marta Temido, après la mort d’une femme enceinte sur fond de dysfonctionnements de services hospitaliers, souffrant d’un manque d’effectifs.
Pour sortir de l’impasse, le Président de la République, Marcelo Rebelo de Sousa, a nommé Manuel Pizarro à la tête de ce secteur, lésé par les crises et menacé par le manque de ressources humaines, misant sur sa grande expérience politique.
Sur un autre registre, les énergies renouvelables dominent, de leurs côté, le débat public. Devenu l’un des champions européens dans le domaine, le Portugal, qui s’est classé récemment quatrième au niveau de la zone européenne, derrière la Norvège, l’Autriche et le Danemark, en matière de production d’électricité à base des énergies renouvelables, redoute l’impact de la sécheresse historique, ayant sévit cet été, sur sa capacité hydroélectrique.
Sous le feu des critiques, le Premier ministre a également fait savoir que de nouveaux prélèvements de retraite étaient également prévus pour 2023. Une annonce qui a suscité le mécontentement de l’opposition, en particulier le nouveau président du Parti social-démocrate (PSD), Luis Montenegro, qui a signalé que cette démarche « s’oppose aux mesures mises en vigueur précédemment pour contenir l’inflation ».
Face à ces différentes contraintes économique et sociale, l’Exécutif portugais, mis à rude épreuve, est ainsi appelé à envisager de nouvelles solutions et alternatives pour dépasser ce contexte tendu, aussi bien au niveau national qu’international.